Plusieurs centaines de syndicalistes ont pris part hier au rassemblement devant le siège de la Centrale syndicale pour exiger le départ du secrétaire général de l'UGTA. L'étau se resserre de plus en plus autour de Sidi-Saïd, objet d'une contestation profonde, ces derniers jours, au sein de l'organisation. C'est la première fois qu'une mobilisation aussi importante a pu être concrétisée contre lui. De 9h à midi, la rue a été bloquée par les manifestants. Des camions de la police se placent à l'entrée de la Centrale pour empêcher les contestataires d'accéder à l'intérieur. Tout autour du regroupement, des banderoles et des écriteaux portant des slogans hostiles au SG ont été brandis par les protestataires ou accrochés aux murs. Ces derniers s'organisent en sections syndicales, en groupes et entre collègues scandant des slogans inamicaux à l'encontre de ce qu'ils appellent "Sidhoum Saïd", en écorchant sciemment le nom du SG. Sur ces pancartes l'on peut lire, entre autres, "Sidhoum Saïd dégage", "Les syndicalistes veulent reprendre la ligne initiale d'Aïssat Idir et de Benhamouda", "Restituez l'Ugta aux travailleurs", "Syndicat libre et démocratique, libérez l'Ugta" et "Al kalima lil3oumal laïssat lissaraq al mal" (la parole est aux travailleurs et non aux voleurs). Ils sont venus de plusieurs wilayas, notamment d'Aïn Defla, de Béjaïa, de Bouira, de Tizi Ouzou, de Tlemcen, de Saïda, d'Alger, pour demander le départ immédiat du SG et de tout son exécutif. L'équipe dirigeante de l'Union "ne nous représente pas", lance tout de go un syndicaliste avec des propos pleins de mordant. "Que cette bande de mafieux qui a fermé des entreprises parte", renchérit un de ses collègues. "Nous voulons assainir l'Ugta de ces malfrats pour qu'elle redevienne la même que celle laissée par Aïssat Idir et Benhamouda", tient à souligner un employé de l'Algérienne des eaux (Ade). "Des hommes sont morts pour que vive cette Union", ajoute-t-il. "Le temps est venu pour que cette îssaba dégage", déclare son collègue. Le SG de l'Union de wilaya de Tizi Ouzou, Bachir Ramdani, parle avec fierté d'une "belle image", allusion faite à la forte mobilisation dont ont fait preuve les syndicalistes. "La honte, déplore-t-il, c'est qu'on nous a refusé l'accès à notre maison, à la Maison des travailleurs." M. Ramdani avoue que les travailleurs sont indissociables du peuple. "Nous continuerons à lutter à ses côtés jusqu'à la consécration finale", précise-t-il. Les syndicalistes œuvreront, en outre, pour que "notre organisation soit refondée sur des principes de liberté, de démocratie et de lutte pour les droits des travailleurs", affirme ce chevronné du syndicalisme. Car, insiste-t-il, "nous n'avons pas eu d'acquis. C'est faux !". "L'Exécutif actuel n'a pas fait du bien aux travailleurs. Il a, en revanche, servi l'oligarchie", indique-t-il. Pour M. Ramdani, l'équipe dirigeante de l'Ugta "se maintient grâce à des procédés mafieux, clientélistes et antidémocratiques". Une commission pour préparer un congrès extraordinaire Interrogé sur le congrès proposé par Sidi-Saïd, il dira : "Un congrès où laâb H'mida et racham H'mida ne nous intéresse pas." En termes plus clairs, il refuse de participer à cette échéance qui sera préparée par les secrétaires nationaux en poste. "L'ensemble des travailleurs de tous les secteurs demande le départ de Sidi-Saïd qui reste un élément du système que rejette le peuple algérien. L'Ugta est devenue un instrument entre les mains du pouvoir pour mater toute manifestation des masses laborieuses", relève Mohand Amara, un ancien animateur politique. "La Centrale syndicale a plus que jamais besoin d'une refondation à partir de la base", suggère-t-il. "Depuis 2012, le SNMG n'a pas connu d'augmentation, alors que les prix des produits alimentaires ont enregistré une flambée. Ce qui prouve que le SG travaille beaucoup plus pour les oligarques", dénonce le SG de l'union locale de Rouiba, Mokrane Messaoudi, qui annonce la mise en place d'une commission nationale qui préparera, dans les prochains jours, un congrès extraordinaire où les délégués seront élus par la base. B. K.