Le rideau est tombé, hier au petit matin, sur la 27e édition du Festival international de Timgad, après une longue soirée de musique authentique animée par Zakia Mohamed, Dib Ayachi, Nacereddine Chaouli et la grande dame de la chanson algérienne, Saloua. La soirée a également été marquée par la présence du chanteur émirati Hocine Djassimi et la ministre de la Culture, Mme Kalida Toumi, qui présentera lors de son speech de clôture les nouvelles orientations du festival tout en soulignant, une fois de plus, son institutionnalisation. Les artistes programmés clôtureront la soirée en beauté. C'est la star émiratie qui donnera le ton en gratifiant ses “fans” de chansons de son répertoire. Même si les textes ont été chantés dans un langage khalidji, dialecte des pays du Golfe, le public adhérera totalement au show proposé. Les chansons sont reprisent en chœur. Les rythmes propulseront l'assistance dans une ambiance de fête typiquement émiratie, il faut dire que les chaînes musicales arabes n'ont pas laissé beaucoup de choix devant le téléspectateur local, assiégé 24h/24. Zakia Mohamed, quant à elle, aura beaucoup de mal à convaincre et se retirera au bout de quelques chansons, Djazaïr ya bladi, c'est beau mais la chanson nationaliste est loin de répondre aux besoins des jeunes venus décompresser et oublier que la soirée de demain les replongera dans la routine du chômage et la chaleur étouffante de l'été. Car, comme les précédentes, la soirée de clôture a attiré, en plus des officiels et des familles, des jeunes de différentes communes de Batna. Des adolescents, venus profiter de cette dernière soirée de divertissement avant de sombrer de nouveau dans la stagnation et l'oisiveté. “Le festival est une occasion pour les jeunes de Timgad de se défouler. Ils ne connaissent rien d'autre, la majorité d'entre eux n'a jamais mis les pieds en dehors de la wilaya de Batna”, précise Lamine, un jeune restaurateur, pour qui le festival annuel reste une occasion de se faire un peu d'argent qu'il ira dépenser sur les plages de Tigzirt. “Pour moi, le festival, c'est une occasion de gagner de l'argent, comme tous ces restaurateurs improvisés à la veille du festival. Je m'aventure rarement sur le site, les plateaux artistiques c'est bien pour ceux qui se retrouvent coincés ici, une fois le festival terminé”, ajoutera-il. Même si on vient pour se relâcher et faire les fous, il y a toujours ce patrimoine qui nous rattrape pour nous ramener à nos sources et qui, malgré son raffinement, peut nous faire danser. La prestation de Nacereddine Chawli, Dib El Ayachi et Saloua, en dépit d'un petit problème technique qui plongea le forum de Timgad dans le noir, a permis aux jeunes Batnéens de faire une pose avec ce qu'il y a de plus beau dans le patrimoine artistique algérien, le hawzi, le malouf et la variété aux sonorités traditionnelles. Pour cela, Chawli s'imposera en maître, l'incident technique n'affectant en rien sa verve, au contraire, il saura comment capter les jeunes en leur offrant une série de chansons hawzi rythmées, sans pour autant tomber dans l'insignifiant. Il sera suivi de Dib El Ayachi qui donnera à la soirée une autre couleur. Le malouf résonnera avec force dans le théâtre antique. L'élégante Saloua, qui remet les pieds à Timgad après plus de dix-huit ans d'absence, gratifiera ses admirateurs et les plus jeunes de ces plus célèbres chansons. La symbiose s'installe automatiquement. Et le diadème offert par le wali de Batna ne sera que bien mérité. Khalida Toumi sera également récompensée pour tous les efforts déployés pour la pérennisation de ce rendez-vous qui fait sortir la capitale des Aurès de son anonymat. Les lampions éteints, même sur le tronçon Batna-Timgad, où la lumière fut grâce aux quelques générateurs sortis pour l'occasion, Timgad a replongé depuis hier dans son calme banal en attendant l'édition prochaine du festival que tous les responsables du secteur de la cultures et les autorités locales promettent meilleure. W. L.