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Issaad Mabrouk, nouveau président du Syndicat national des magistrats Il est l'un des premiers de sa corporation à avoir rejoint le mouvement populaire
L'assemblée générale élective du Syndicat national des magistrats (SNM) a élu, hier, à Koléa, Issaad Mabrouk, président de la chambre civile près la cour de Béjaïa, en qualité de nouveau président en remplacement de Djamel Laïdouni. Le nouveau président du SNM est l'un des premiers magistrats à avoir rejoint le mouvement populaire en cours. Il fait partie des 1 000 juges, constitués en "Club des magistrats", qui ont décidé de se joindre au peuple et de ne pas encadrer l'élection présidentielle, prévue pour le 4 juillet prochain. Ce groupe de magistrats a également exprimé son refus de juger les citoyens poursuivis pour leur participation aux contestations et manifestations. "Les juges sont les enfants du peuple et nous avons décidé de joindre notre voix à celle du peuple en cette phase historique pour manifester notre adhésion", déclarait-il notamment le 12 mars dernier, lors d'un rassemblement de protestation devant la Cour de Béjaïa, ajoutant : "Nos aînés ont libéré le pays, nous libérons l'humain." Lors du même rassemblement, il a affirmé que les juges n'allaient pas encadrer le scrutin du 18 avril (annulé, depuis) et qu'ils se battront pour le respect de la Constitution, de la volonté populaire et de l'indépendance de la justice. Une rébellion qui a valu à une quinzaine de magistrats, dont Issaad Mabrouk, la convocation par l'inspection générale du ministère de la Justice. Mais cette convocation avait été finalement annulée. Issaad Mabrouk avait été, aussi, identifié, et confondu publiquement par le blogueur Merzouk Touati comme étant le juge qui l'avait condamné à 7 ans de prison ferme pour "intelligence avec une puissance étrangère". Le juge s'est rétracté et s'est excusé publiquement. "L'élection d'un nouveau président du SNM est de nature à ouvrir de nouvelles perspectives pour l'indépendance de la justice", a estimé l'ancien président du SNM, Mohamed Ras El-Aïn, dans une déclaration à notre rédaction web (version en langue arabe). Issaad Mabrouk succède ainsi à Djamel Laïdouni dont le règne — il est resté 15 ans au même poste — est décrié au sein de la corporation des magistrats pour avoir contribué au renforcement de l'arbitraire politique sur les juges. Le nom de Djamel Laïdouni est associé à l'épisode de "la justice de la nuit", qui a destitué Benflis de la direction du FLN en 2004. L'homme avait également joué un rôle dans l'emprisonnement du journaliste Mohamed Benchicou, condamné à deux ans de prison pour avoir notamment écrit un livre pamphlet sur Abdelaziz Bouteflika. Dans son livre, Les geôles d'Alger, M. Benchicou raconte que l'ancien syndicaliste des magistrats attendait un coup de téléphone avant de prendre une décision concernant le prévenu. Plus proche de nous, encore, au mois de janvier, M. Laïdouni avait affirmé que les magistrats étaient "prêts" à superviser l'élection présidentielle du 18 avril, avec "sérieux et rigueur". Mais, sentant le vent tourner, il a annoncé son retrait du syndicat après le début du mouvement populaire du 22 février. Il aurait, suite à cela, prié les magistrats de l'excuser pour les erreurs qu'il aurait commises durant son mandat. A. R.