La SG du PT relève la contradiction dans le discours du chef d'état-major qui prétend que la justice est indépendante et affirme en même temps qu'il a étudié tous les dossiers de corruption. Le bureau politique du Parti des travailleurs s'est réuni, hier, à Alger. Dans un discours prononcé à l'ouverture des travaux de ce BP, la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, a rejeté catégoriquement l'appel lancé mercredi dernier par le chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, pour ouvrir un dialogue aux fins de régler la crise politique dans le pays. Cette offre de dialogue lui rappelle, a-t-elle dit, la démarche du général Abdel Fattah al-Sissi en 2013, après la chute du président Morsi en Egypte. La secrétaire générale du PT accuse Ahmed Gaïd Salah de s'ingérer directement dans les affaires politiques tout en prétendant respecter la Constitution. "Après son arrivée au pouvoir, Sissi a ordonné même l'emprisonnement de ceux qui ont cru naïvement que l'armée allait instaurer la démocratie, rendre la parole au peuple et respecter sa souveraineté", a-t-elle asséné. S'adressant à certains partis et personnalités politiques qui adhèrent à l'appel de Gaïd Salah, elle s'interroge : "Savent-ils au moins que cela prépare à une solution à la soudanaise ou tout au moins à l'égyptienne avec leurs conséquences terribles sur la souveraineté nationale ?" La secrétaire générale du PT se réjouit, toutefois, que chez la "majorité écrasante, il y a une prise de conscience que le départ du système est contradictoire avec les solutions imposées dans le cadre de la Constitution par le régime". Louisa Hanoune a, par ailleurs, estimé que les mots d'ordre du 11e vendredi de mobilisation ont nettement rejeté à la fois le scrutin présidentiel du 4 juillet et l'instauration d'un régime militaire. "Car il est clair que l'objectif recherché vise à maintenir le système et à confisquer la souveraineté du peuple quant au droit de définir la nature du régime à mettre en place, à savoir un régime présidentiel ou parlementaire et la nature des institutions", ajoutant que "désormais, les choses sont d'une extrême clarté. D'un côté, l'écrasante majorité qui veut décider de son sort et s'émanciper du système qui a produit la corruption, un système décomposé qui n'est plus réformable, et d'un autre, une minorité qui veut maintenir le système coûte que coûte, le sauver de diverses manières même en impliquant l'Armée nationale populaire". Selon Louisa Hanoune, face à ces manœuvres "la majorité n'est pas dupe et reste vigilante devant le tournant majeur qu'a pris la révolution citoyenne". Elle a fait remarquer que "la dynamique, qui s'articule autour des manifestations des vendredis et les rassemblements sectoriels, s'enracine en bas à travers la mobilisation des travailleurs qui revendiquent le départ des directeurs qui pratiquent la hogra et les mouvements de citoyens qui chassent les présidents d'APC, les chefs de daïra et qui organisent des protestations dans différents segments de la vie comme lors des distributions de logements. Ce qui confirme le rôle des syndicats pour dégager une issue conforme aux aspirations de la majorité". L'auto-organisation de la masse s'illustre, souligne-t-elle aussi, à travers la naissance des comités populaires, des agoras et la mise en place des forums qui "sont la preuve irréfutable que la révolution n'est pas seulement démocratique, mais elle cherche également le démantèlement du système dans sa totalité". La secrétaire générale du Parti des travailleurs ne croit pas non plus à cette opération "mains propres" menée par le vice-ministre de la Défense. Elle relève la contradiction dans le discours du chef d'état-major qui prétend que la justice est indépendante et affirme en même temps qu'il a étudié tous les dossiers de corruption. "Ce sont tous d'anciens dossiers. Est-ce que cela veut dire que la justice s'est réveillée comme par enchantement ?", ironise Louisa Hanoune pour qui "cette accélération démontre qu'il n'y a aucune sérénité dans le traitement de ces dossiers". Elle cite le cas de l'homme d'affaires, Issad Rebrab, l'assimilant à "une diversion pour faire croire qu'il n'y a pas de justice sélective et de règlement de comptes et que même les victimes de la famille Bouteflika et ses proches vont en prison. Idem pour certains cadres limogés". Elle rappelle que la réponse de ce qu'elle appelle la majorité a "été extrêmement claire : dehors le système d'abord ; et après l'instauration d'une justice indépendante, nous jugerons tous les corrompus et les prédateurs qui ont dilapidé les biens publics".