Après plus de huit mois derrière les barreaux, l'homme d'affaires Mourad Hadj-Saïd a quitté, hier mercredi, le tribunal d'El-Harrach. Il a été relaxé des accusations de "dilapidation des deniers publics" et "trafic d'influence". Propriétaire de la société de publicité et d'affichage AD Display, le jeune patron a été arrêté en juillet dernier après une plainte de la wilaya d'Alger. La société de Mourad Hadj-Saïd était, jusqu'à cette date, détentrice du marché des panneaux publicitaires des principaux axes routiers de la capitale. Son contrat, signé en 2006, aurait expiré en 2016. Mais l'entreprise a continué à afficher. Cela constitue-t-il un délit ? Des avocats que nous avons consultés affirment que le dossier d'accusation de Hadj-Saïd était vide. S'il est difficile d'établir un lien, l'attribution du même marché des annonces publicitaires à un autre opérateur en même temps que l'arrestation de Mourad Hadj-Saïd est tout de même intrigante. Le nouveau magnat de la publicité dans la capitale n'est autre que Karim Benmansour, neveu de l'ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika. Sa société s'appelle Innomedia. Mourad Hadj-Saïd est resté longtemps en prison en attente de jugement. Son procès a été ouvert la semaine dernière et, contre toute attente, le procureur de la République a plaidé sa cause. "J'étais étonné en révisant le dossier", avoue le procureur qui revient sur les chefs d'accusation dont la dilapidation de deniers publics. Il relève, selon les propos rapportés par le site Actu'il.com, "l'absence d'une expertise" dans le dossier. "Il n'y a pas d'expertise, et on parle de dilapidation et de détournement !" La plaidoirie du procureur de la République près le tribunal d'Alger a ému les avocats de la défense. "C'est un réquisitoire historique dans le sens où il (le procureur) a repris les principes du droit pour dire que nous devons faire une bonne application de la loi", témoigne le bâtonnier Abdelmadjid Sillini, un avocat de Hadj-Saïd, cité par le même site d'informations.