Plusieurs journalistes et techniciens de la télévision nationale se sont rassemblés, hier, à l'entrée du siège de l'EPTV pour dénoncer la censure et les intimidations que subissent bon nombre d'entre eux. Ce rassemblement, qui a débuté vers 13h, se voulait également un acte de solidarité avec les journalistes et les techniciens de l'ENTV qui avaient été sanctionnés pour avoir pris position publiquement en faveur du mouvement populaire de contestation et pour l'ouverture des antennes de la télévision publique. Quelques minutes avant le début du rassemblement, un des policiers présents sur place a tenté d'arracher les banderoles des mains de deux contestataires. Ces banderoles appelaient à une presse libre et à l'arrêt de la censure. C'est également le moment où est arrivé Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, qui a tenu à soutenir les journalistes lors de leur rassemblement devant le siège de la télévision. Massés devant le portail de l'ENTV, journalistes et techniciens, encerclés par un cordon de policiers qui les cantonnaient sur le trottoir, ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Halte à la censure", "Stop à l'aveuglement. Libérez la parole", "Halte aux intimidations et halte aux pressions". Tous scandaient : "Telfaza horra dimocratia" (télévision libre et démocratique). Ce rassemblement est le premier organisé après les sanctions qui ont touché de nombreux journalistes et techniciens de l'ENTV. Il s'agit d'Ali Haddadou, de Mélina Yacef, d'Abderrezak Siah, d'Imène Silmane, d'Abdelmadjid Benkaci et d'Amir Nebbache. Les sanctions vont de la mutation à l'avertissement en passant par la suspension d'émission. Le reproche est pratiquement le même : avoir défendu la liberté d'expression et le service public. Pour rappel, cette semaine, "Question d'actu", animé par Nazim Aziri, a fait les frais de la censure. L'émission a payé les propos de ses invités qui se sont attaqués aux promoteurs de la feuille de route des pouvoirs publics, lors de l'émission. D'autres émissions de débats vont être suspendues, nous confie une consœur de l'ENTV. Selon elle, il n'est plus possible de faire des "débats formatés et à sens unique à moins qu'on veuille un modèle nord-coréen". Elle regrette que "l'euphorie du début nous a fait croire qu'on roulait à vive allure sur l'autoroute de la liberté. Mais force est de constater que les choses sont pires qu'avant". Malgré la présence du cordon policier, le rassemblement d'hier s'est déroulé dans un climat serein excepté le moment où un policier a confisqué le téléphone d'une journaliste qui filmait le rassemblement. S'en est suivi une confusion. Les journalistes ont tous réclamé la restitution du portable à la journaliste. À l'issue du rassemblement qui a duré environ une heure, les journalistes de l'ENTV ont, encore une fois, affiché leur détermination à aller au bout de leur mouvement promettant d'enchaîner les rassemblements chaque lundi jusqu'à satisfaction de leurs revendications.