Restés longtemps en marge du mouvement populaire qui réclame le départ du système politique depuis le 22 février, les dignitaires religieux sortent de leur silence. Un groupe de personnalités religieuses, représentant divers courants et issus de différentes régions du pays, ont rendu public, jeudi, un communiqué pour réclamer une transition politique. Les figures religieuses estiment, dans une longue déclaration, que "la situation dans le pays est dangereuse et complexe. Il faut donc intervenir rapidement et pacifiquement et d'une manière consensuelle pour régler la crise à travers la mise en application des articles 7 et 8 de la Constitution qui portent sur la souveraineté du peuple. Le référendum fait par le peuple durant les vendredis du hirak suffit à lui-même". C'est parce que la situation dans le pays est dangereuse que les oulémas, parmi lesquels Mohamed-Tahar Aït-Aldjet, Saïd Chibane et Belhadj Cherifi, membre du conseil Aâmi Saïd des Ibadites, appellent à une "période de transition" qui se caractérise par la désignation d'une "personnalité" consensuelle à la tête de l'Etat. Le chef de l'Etat désignera, ensuite, un gouvernement de compétences nationales "non condamnées dans les différentes périodes de notre Histoire". Avant cela, ces personnalités religieuses proposent une conférence de dialogue national. "Cette conférence aura à mettre les repères pour l'avenir du pays et adopter une feuille de route pour une nouvelle politique mettant la patrie et le citoyen à l'abri du pourrissement politique, économique, social et culturel et protéger le pays de toutes les formes de dépendance et d'allégeance à part celle faite au peuple", note le document. Une fois la période de transition passée, la voie sera ouverte à une "compétition saine" entre les acteurs de la scène politique, ajoutent les signataires du document. Au lendemain de cet appel, Abderrezak Guessoum, président de l'Association des oulémas algériens et un des signataires du document, a précisé à des médias arabophones que la période de transition désignée dans le document "doit commencer après la fin du mandat d'Abdelkader Bensalah, le 4 juillet prochain". Avant l'appel des oulémas, les membres de l'Organisation nationale des moudjahidine avaient appelé, eux aussi, à une période de transition d'une année. L'organisation des anciens combattants a réclamé une solution politique qui "passe par une décision politique et une définition des mécanismes devant garantir la transparence, afin de permettre le passage d'une période d'exception à une période naturelle". La solution passe par l'élection d'une "personnalité ou d'une instance composée de plusieurs personnalités, qui sera chargée de diriger une période de transition pour un délai maximum d'une année". Comme les oulémas, les moudjahidine demandent également la mise en place d'"une commission indépendante de préparation, d'organisation, de contrôle et de proclamation des résultats de la prochaine élection présidentielle" et la désignation d'un gouvernement de "technocrates qui seront choisis parmi le peuple pour leur intégrité, leur compétence et leur réputation". Ces appels rejoignent ainsi ceux d'autres partis politiques et de personnalités politiques qui ont tous prôné la solution politique au lieu de passer par une issue constitutionnelle, comme le suggère le pouvoir. Ali Boukhlef