Le collectif Libérons l'Algérie a tenu hier après-midi son rassemblement hebdomadaire à la place de la République, à Paris, pour un changement radical du système et la transition politique en Algérie. Comme c'est le cas depuis quelques semaines, des débats ont été organisés pour permettre aux manifestants de s'exprimer sur la situation et l'avenir de l'Algérie. Beaucoup ont appris avec satisfaction l'annulation par le Conseil constitutionnel de la présidentielle du 4 juillet prochain. "Cette décision confirme que le pouvoir est aux abois. À nous de saisir cette occasion pour lui donner un coup fatal", s'est enthousiasmé un compatriote, appelant les Algériens, partout dans le monde, mais surtout en Algérie, à ne pas se démobiliser et à persévérer pour forcer la rupture avec le régime en place. Un autre intervenant a préconisé la structuration du mouvement populaire pour donner une meilleure consistance à ses revendications et veiller à leur exécution. Selon lui, il est par exemple urgent d'élaborer une nouvelle constitution. Farid Yaker, qui est l'un des animateurs du collectif Libérons l'Algérie, estime également qu'il faut continuer à agir pour imposer le changement politique. "L'annulation des élections est une victoire. Le régime est dans une impasse. Il est obligé de commencer à lâcher du lest. Mais il est de notre devoir de rester vigilants, de ne pas accepter ses offres de dialogue et de réclamer son départ", a-t-il expliqué, soulignant la duplicité qui caractérise les pratiques des responsables de l'Etat. "Le chef d'état-major appelle le peuple à discuter mais il ordonne en même temps l'arrestation de militants politiques et empêche les Algériens de tenir des manifestations", a fait savoir l'orateur. Un autre manifestant, qui a également pris la parole, a rappelé avec émotion la mort en prison, la semaine dernière, du docteur Kamal-Eddine Fekhar. "Comment peut-on dialoguer avec un pouvoir qui tue des citoyens parce qu'ils ne sont pas d'accord avec lui ?", a-t-il demandé, indigné. Dans la foule, beaucoup d'autres personnes ont manifesté leur affliction, considérant le militant du M'zab comme une victime de trop. "Jusqu'à quand allons-nous tolérer que des Algériens perdent leur vie pour leurs idées ?", s'est interrogé un homme originaire de Ghardaïa. Pour rendre hommage à Fekhar, il s'est coiffé, comme beaucoup d'autres manifestants, d'une chechia. Il y a quelques jours, le Collectif des Mozabites d'Europe a condamné ce qu'il a considéré comme un meurtre. De son côté, le Collectif algérien sans frontières, qui regroupe les compétences nationales à l'étranger, a déploré dans un communiqué "une forme de répression indigne de l'Algérie". Il a annoncé par ailleurs qu'il va saisir le Comité des droits de l'Homme à Genève sur les violations en cours en Algérie. Il est à noter que les manifestations en France pour la démocratie en Algerie se distingueront dans les prochaines semaines par l'organisation d'une marche, à Paris, dont la date n'a pas encore été annoncée.