Face à l'entêtement du régime pour se maintenir quitte à user d'esbroufe, de fuite en avant et même de répression, ce 16e vendredi rappellera, sans aucun doute, que le départ du système reste une revendication non négociable. C'est demain, vendredi, que le mouvement populaire marquera son 16e acte de soulèvement contre le système politique en place. Ce sera le premier vendredi après le mois de carême. La mobilisation du 15e vendredi bien que n'ayant ni fléchi ni perdu en intensité, cet acte 16 de "la révolution du sourire" promet d'être plus fort, mais surtout décisif. Cette énième marche intervient dans un contexte politique particulier. Il s'agit, en fait, de faire face à la volonté de prolongation du bail du locataire d'El-Mouradia que "les décideurs" veulent acter après l'annulation de l'élection présidentielle du 4 juillet. Cette annulation, bien qu'elle soit un acquis arraché par la rue en rejetant le scrutin, la prolongation du mandat de Bensalah à la tête de l'Etat se pose ainsi comme un déni et une fuite en avant face à la détermination de la rue de barrer la route à ceux qui ont pris le relais après la démission de Bouteflika. Compte tenu de l'annulation du scrutin du 4 juillet, c'est l'intérim assuré par Abdelkader Bensalah qui est reconduit, tacitement et contre la volonté d'une rue qui a toujours rejeté la solution constitutionnelle imposée par le pouvoir. L'exigence de la rue étant politique, comme l'est la nature de la crise que vit le pays, appelle l'intensification et l'élargissement de la mobilisation pour arracher encore de nouveaux acquis. Il devient, en tout point de vue, judicieux de s'attendre à un raz de marée humain ce 16e vendredi de lutte pour un renouveau démocratique. Face à l'entêtement du régime pour se maintenir quitte à user d'esbroufe, de fuite en avant et même de répression, ce 16e vendredi rappellera, sans ambages, que le départ de tout le système, ses hommes, ses symboles et ses pratiques, reste une revendication non négociable. La marche des étudiants organisée dimanche, les appels sur les réseaux sociaux et les tentatives de marches et de sit-in avant-hier, jour de l'Aïd, sont un avant-goût de ce que sera la mobilisation de demain. Les acquis arrachés depuis le 22 février en appellent d'autres. Le départ de Bouteflika et de son gouvernement, la libération de la parole, les balbutiements au sein de la justice,... sont des acquis de grande valeur que la mobilisation doit sauvegarder et protéger en en attendant d'autres. Ce vendredi, la rue aura son mot à dire. Comme elle l'avait fait depuis la première déferlante citoyenne dans les rues des villes du pays, les slogans seront adaptés à l'évolution de la situation, les martyrs honorés et les manœuvres dénoncées.