C'est demain que les Algériennes et les Algériens marqueront le 12e acte de leur soulèvement contre le système politique. La manifestation de demain, vendredi, ne sera pas comme les 11 dernières. Ce sera un test pour la mobilisation. Même si tous les signes rassurent sur la prestance de l'engagement de la rue, elle promet, cette fois-ci, plus d'ardeur et de témérité pour imposer le changement voulu. Ce qui est attendu de ce 12e vendredi est capital. Compte tenu des conditions dans lesquelles la manifestation est prévue, tous les regards se tournent d'ores et déjà vers cette date. L'acte 12 intervient en plein mois de jeûne. Le Ramadhan et ses probables aléas, sur lesquels les tenants du système politique et ses résidus misaient pour voir le mouvement s'essouffler et perdre de sa force, n'affectera certainement pas la mobilisation. La manifestation, avant-hier, des étudiants a montré le chemin et a promis que la mobilisation ne sera que plus forte et plus intense. Le maintien de la pression et de la mobilisation se lisait surtout dans les réactions des manifestants sur les réseaux sociaux. Les différents appels pour marquer la journée du vendredi avec des manifestations diurnes et/ou nocturnes sont la preuve que la rue ne compte surtout pas lâcher du lest. Ces appels traduisent à la fois l'engagement des citoyens à maintenir la pression, mais renseignent également sur la nécessité qui s'impose à ces mêmes citoyens de trouver une autre forme de manifestation plus mobilisatrice. Pour joindre l'utile à l'agréable, une rupture du jeûne collective est au menu des actions de rue prévues ce vendredi. Mais au-delà de toutes ces considérations, la rue reste fidèle à son premier serment : ne pas désemplir tant qu'un nouveau système politique n'est pas mis sur pied. Outre la mobilisation dont les doutes sur la diminution se dissipent devant la réaffirmation de l'engagement citoyen "à nettoyer" le pays, les slogans qu'arboreront les manifestants sont également un aspect très attendu. En effet, le discernement, la lucidité et la perspicacité, avec lesquels la rue a toujours réagi aux décisions du pouvoir en place, laissent présager une réplique cinglante, non seulement aux annonces faites par le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah, mais aussi au chef d'état-major de l'armée. La rue, qui n'a jamais cessé de réclamer le départ du système dans sa totalité, réitérera avec insistance et sans ambages son opposition à la feuille de route du système, à son entêtement à tenir la présidentielle dans les délais (le 4 juillet prochain) et son rejet de la justice-spectacle. Comme ils l'ont fait durant les 11 marches précédentes, les manifestants n'ont rien laissé au hasard. Tout le discours officiel a été décortiqué et analysé avant d'y apporter les réponses adéquates. Les marches de demain promettent la même chose. Les débats tenus et les échanges qui ont eu lieu durant la semaine traduisent, si besoin est, la vitalité avec laquelle la rue se prépare. Loin de l'incertitude et des aventuriers contre l'essoufflement et l'usure, la rue refuse la résignation et le désistement. Elle s'interdit le renoncement et la capitulation. La perpétuation de la lutte, elle en a fait son assurance, sa ligne de conduite et ses espérances. La journée du vendredi sera à la fois le test et la réaffirmation. L'intensité de la mobilisation en dépend. Maintenir intacte la mobilisation, c'est réaffirmer que malgré les acquis arrachés, la marche du peuple vers des lendemains encore plus radieux ne s'estompera pas de sitôt.