La dispersion brutale par les forces de sécurité du sit-in de manifestants qui se tenait depuis le 6 avril devant le siège du quartier général de l'arméea généré un climat de peur dans la capitale soudanaise. L'opposition soudanaise a conditionné son accord à la proposition de médiation formulée vendredi soir par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Ce dernier a appelé, vendredi à Khartoum, à une transition démocratique "rapide" au Soudan, accentuant du coup la pression de la scène internationale sur les militaires au pouvoir, après la violente répression du mouvement de contestation. Le Conseil militaire se dit "ouvert aux négociations" pour parvenir à une solution "à n'importe quel moment", selon les déclarations à la presse de Hassan Ahmed, un responsable du ministère des Affaires étrangères soudanais, ont rapporté les médias locaux. Le Soudan est désormais suspendu par l'Union africaine "jusqu'à l'établissement effectif d'une autorité civile de transition". Et c'est ce que propose le Premier ministre éthiopien, qui a affirmé dans un communiqué rendu public après avoir rencontré les militaires et l'opposition civile à Khartoum. "L'armée, le peuple et les forces politiques doivent faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays", a-t-il déclaré. Selon l'agence de presse Reuters, l'opposition soudanaise accepte la médiation éthiopienne, à condition que le "Conseil militaire de transition au Soudan reconnaisse sa responsabilité dans le carnage de lundi lors de la dispersion brutale du sit-in devant le quartier général de l'armée soudanaise, qui a fait des dizaines de morts et de blessés, et veut une enquête internationale indépendante". Demandant également "la libération de tous les prisonniers politiques au Soudan", elle a exigé le respect des "libertés publiques", la fin du "blocage d'internet" et le "retrait" de la présence militaire à Khartoum et à travers le pays. Rappelons que les négociations entre les militaires au pouvoir et les dirigeants de la contestation ont été suspendues le 20 mai, chaque camp refusant de céder à l'autre la direction de la transition post-Al-Bachir censée durer trois ans. La dispersion brutale par les forces de sécurité du sit-in de manifestants qui se tenait depuis le 6 avril devant le siège du quartier général de l'armée a généré un climat de peur dans la capitale soudanaise. Les rues de Khartoum sont sous une très forte surveillance des forces de sécurité, notamment les rues près du lieu du sit-in, devenu emblématique, de la contestation. Selon une estimation des médecins proches des manifestants, 113 morts ont été dénombrés depuis le début de la répression, principalement au sit-in. Le gouvernement a démenti ces chiffres évoquant un bilan de 61 tués. De son côté, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) a comptabilisé 784 personnes blessées dans des hôpitaux de Khartoum depuis la dispersion de lundi, précisant dans un communiqué que "le nombre réel (...) pourrait être plus élevé".