Les travailleurs du groupe KouGC traversent depuis près de deux mois une situation d'incertitude totale à la suite de l'incarcération, le 24 avril dernier, des principaux actionnaires de l'entreprise, les frères Kouninef, et du gérant du groupe, pour de graves faits de corruption et de trafic d'influence. Face à la situation de blocage dans laquelle se retrouve ainsi KouGC en l'absence d'un fondé de pouvoir pour gérer au moins les affaires courantes, les travailleurs se voient ainsi livrés à la précarité et privés de leurs salaires depuis le mois de mai dernier, bien que la santé financière du groupe demeure jusqu'ici viable, selon des cadres de l'entreprise. Pour défendre leurs droits et leurs emplois, apprend-on auprès de ces mêmes cadres, les travailleurs avaient prévu d'organiser hier dans l'après-midi un sit-in devant le siège du groupe à Hydra (Alger), avant d'opter finalement pour un ajournement de leur action de protestation après la notification d'une décision de justice portant désignation d'un administrateur pour assurer la gestion des affaires administratives du groupe. "Nous ne défendons rien d'autre que nos emplois et nos salaires", nous assurent nos interlocuteurs, qui précisent en définitive que l'issue finale de cette situation découlera de la prise de fonction officielle de l'administrateur désigné par la justice et des décisions qu'il aura à prendre pour débloquer surtout les salaires des travailleurs. À rappeler que le groupe KouGC est présent dans divers secteurs d'activité, dont notamment le bâtiment et les travaux publics, l'hydraulique, la téléphonie et l'industrie agroalimentaire. Réputés très proches et très influents auprès du clan du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, les patrons du groupe, les frères Kouninef, bénéficiaient à la faveur de cette proximité d'un accès privilégié à la commande et aux marchés publics, avant d'être arrêtés et placés sous mandat de dépôt en avril dernier, sur les chefs d'accusation de non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics, de trafic d'influence avec des fonctionnaires de l'Etat pour l'obtention de privilèges et de détournement de fonciers et de concessions.