Malgré un soleil de plomb, les étudiants et leurs enseignants sont restés mobilisés. Bien que leur nombre ait remarquablement diminué comparé aux dernières marches, étudiants et enseignants des différents instituts et facultés de Constantine sont sortis, une fois de plus, hier, pour le 17e mardi de suite, pour affirmer encore leur détermination à se débarrasser des deux "B" (Bensalah et Bedoui) et de toutes les personnalités politiques héritées de l'ère du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Exprimant un refus catégorique d'une élection présidentielle dans les circonstances de la scène sociopolitique actuelle, ainsi que de toute sorte de dialogue avec les tenants du pouvoir en place, ils ont battu le pavé dans des conditions climatiques caniculaires. Vers 12h, place de la Pyramide, étudiants et enseignants font leur apparition après une rude marche depuis le campus central de l'université Mentouri vers le centre-ville, sous un soleil de plomb. Les marcheurs, coiffés de casquettes, munis de bouteilles d'eau et de drapeaux, ont parcouru l'itinéraire habituel en fulminant "Makanech intikhabet maâ el îssabet" et "Dawla madania, machi aâskariya". En ce qui concerne le discours prononcé la veille par le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, les marcheurs étaient plus ou moins indifférents : "Pour les étudiants, le discours de Gaïd Salah est un non-événement, il ne fait qu'appeler au dialogue que tous les Algériens refusent, et donc nous n'allons pas reculer. Même si notre nombre a baissé, nous continuerons à marcher jusqu'à satisfaction de toutes les revendications citoyennes. Nous allons nous battre, parce que cette Algérie nous appartient, et n'allons pas la laisser entre les mains de ces charognards", dira Asma, une étudiante en 2e année journalisme à l'université Constantine 3 Salah-Boubnider. D'ailleurs, entre autres slogans scandés en ce 17e acte de mobilisation de la communauté universitaire, certains focalisent particulièrement sur les "tergiversations" de l'état-major de l'armée qui, selon les étudiants, "feint d'ignorer la clarté des revendications et des volontés exprimées par le peuple". Les manifestants qui ont pris part à la marche d'hier ont, de ce fait, crié, haut et fort, l'exigence du départ du chef de l'Etat actuel et du gouvernement Bedoui, autant que celui de l'actuel chef d'état-major, en récusant en bloc l'offre de dialogue faite la veille par Gaïd Salah. À ce dernier, les marcheurs ont particulièrement tenu à adresser un message clair, en scandant "Gaïd Salah, cesse de nous berner, 7 et 8, pouvoir au peuple", évoquant les articles de la Constitution. À signaler que les étudiants et les enseignants ont failli renoncer à leur marche hebdomadaire coïncidant avec le troisième jour des épreuves du baccalauréat, pour ne pas perturber les lycéens et les logistiques propres à cet examen. D'ailleurs, bon nombre d'étudiants et d'enseignants universitaires ont préféré tenir des rassemblements dans leur campus au lieu de rejoindre la marche.