Les clameurs du peuple ont encore résonné, hier, dans l'antique Cirta, pour ce 15e vendredi de contestation citoyenne, particulière, cette fois-ci, puisque l'ombre de Kamal-Eddine Fekhar planait dans le ciel constantinois. Profondément marqués par le décès du Dr Kamal-Eddine Fekhar, mardi passé, les Constantinois n'ont pas hésité à exprimer leur colère et leur indignation face à cette mort qu'ils qualifient de "crime d'Etat". Les marcheurs ont scandé, dès l'entame de la marche, "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" ou encore "Ya lil aâr, ya lil aâr, doula katlet Fekhar". "C'est un crime. Le pouvoir a l'habitude de réduire au silence ses opposants, hommes politiques, militants et même journalistes. Mohamed Tamalt lui aussi décédé alors qu'il purgeait une peine d'emprisonnement à El-Harrach, et dans des conditions presque similaires. Aujourd'hui, nous sommes sortis pour dire que nous n'allons plus nous taire, ces pratiques mafieuses doivent cesser et les responsables doivent tous payer. Nous demandons que toute la lumière soit faite sur cette mort suspecte, et nous disons à Kamal-Eddine Fekhar, reposez en paix, nous continuerons le combat que vous avez entamé", nous dit Ahmed, un sexagénaire rencontré parmi les manifestants. Les manifestants ont également appelé à la libération de tous les prisonniers d'opinion "jetés et oubliés" dans les geôles du pouvoir. Une minute de silence a été observée à la mémoire de Kamal-Eddine Fekhar par les manifestants lors de marche à 15h précises en réponse à l'appel lancé sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, les manifestants ont récusé en bloc la feuille de route préconisée par Gaïd Salah et, à ce titre, les slogans scandés en ce 15e acte de la mobilisation étaient sans équivoque, appelant à "un Etat des libertés, de droit et de justice sociale, sans compromission avec les figures du système finissant". Pour l'occasion, les milliers de Constantinois, qui ont pris part à la marche d'hier, ont, de ce fait, renouvelé, haut et fort, l'exigence du départ du chef de l'Etat actuel et du gouvernement Bedoui, autant que celui de l'actuel chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui fut la principale cible des manifestants ces deux derniers vendredis. Ils se sont d'ailleurs dispersés en fulminant "Makanech intikhabet maâ el îssabet" et "Dawla madania, machi aâsskariya". Ines Boukhalfa