"Ils ne veulent pas faire de concessions, nous n'allons pas faire marche arrière : nous avons dit qu'ils s'en aillent tous, cela veut dire tous !", "Vous n'allez pas nous imposer un président", ou encore "Son Excellence le peuple vous dit qu'il n'y aura pas d'élections avec la mafia". Ce sont autant de messages, largement partagés par les facebookeurs, qui annoncent, on ne peut plus clairement, la couleur du 18e vendredi de "la Révolution du sourire". À coup sûr, les Algériens ne vont pas rater le rendez-vous de demain pour maintenir la pression sur le système. Comme ils n'ont cessé de le faire depuis le 22 février, date du déclenchement de l'insurrection populaire. Les acquis arrachés jusqu'ici, aussi maigres soient-ils, ne cessent d'encourager, au fil des vendredis, les Algériens à maintenir leur mobilisation. La prise de conscience du peuple est aujourd'hui telle qu'il ne voudrait aucunement laisser filer l'occasion de démanteler le système en place depuis l'indépendance à ce jour et, du coup, libérer définitivement le pays de "la bande" qui accapare le pouvoir. "Vous avez pillé le pays, bande de voleurs" et le fameux "Yetnahaw gaâ !" (qu'ils s'en aillent tous), faut-il le rappeler, étant les slogans phares de la révolution en cours. En face, le pouvoir incarné par le haut commandement de l'armée depuis la déchéance du président Bouteflika, continue à s'accrocher à sa propre feuille de route et à ignorer la réclamation claire du peuple, à savoir la déclaration d'une période de transition le temps de mettre en place les mécanismes démocratiques nécessaires pour la tenue d'élections transparentes. En effet, au lieu de répondre à cette revendication partagée aussi bien par la société civile que par la classe politique, le pouvoir s'entête à vouloir imposer son "ordonnance" préconisant, en priorité, l'élection d'un président de la République. Signe que le 18e vendredi du hirak connaîtra une forte mobilisation populaire, la mise en garde lancée hier par le chef de l'armée contre ceux qui oseraient brandir, lors des manifestations, un drapeau autre que le drapeau national, n'a pas manqué d'enflammer les réseaux sociaux. Pour bien des citoyens qui s'y sont exprimés, Gaïd Salah serait en train d'abattre "sa dernière carte" dans l'espoir de dissuader les Algériens d'investir la rue en ce 18e vendredi. "Un pari perdu d'avance", lui répondent les internautes dont les nombreux posts sur Facebook appellent tous à une "forte mobilisation" pour demain. C'est dire que l'allusion à l'emblème amazigh que l'on voudrait donc interdire dans les marches semble produire l'effet contraire de celui escompté. Il est vrai que cet emblème, brandi depuis le début du hirak dans toutes villes du pays, aux côtés du drapeau national, n'a jamais posé problème aux Algériens qui, dans leur écrasante majorité, l'ont adopté ou accepté. Il n'a suscité aucune polémique notable, même si de vaines tentatives de le diaboliser, comme celle d'une certaine Naïma Salhi, ont été signalées quelques rares fois. Au contraire, la présence de l'emblème de l'amazighité dans les manifestants a eu pour effetde rapprocher plus que jamais les Algériens entre eux, lesquels insistent, chaque vendredi, sur le principe de rester "frères", à travers le slogan "khawa, khawa".