Ils étaient des milliers à investir la rue sous une chaleur suffocante, hier, à Constantine, pour le 18e acte de mobilisation citoyenne. Réitérant leur attachement au changement radical du système politique et à l'instauration d'une vraie république, ils ont battu le pavé pour rejeter, de nouveau, le contenu du dernier discours du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, et renouveler le principal vœu du peuple : le départ de toutes les figures du système. Dès 14h30, de petits groupes de manifestants ont commencé à affluer vers le palais de la culture Mohamed El-Aïd-El-Khalifa, lieu de regroupement de la majorité des manifestants, pour entamer la marche hebdomadaire. Au menu des slogans, quelques piques adressées au chef d'état-major dont "Les Algériens, khawa khawa, Gaïd Salah maâ el-khawana", "Gaïd Salah dégage", "Notre cause n'est pas le drapeau, mais le système" ou encore "Dawla madania, machi âskariya" en réponse au dernier discours d'Ahmed Gaïd Salah. Les slogans traditionnels étaient également présents : "Bensalah dégage, Bédoui dégage", "Djazaïr hourra démoqratia" et "Djazayer echouhada, FLN khawana". Drapés dans l'emblème national, munis de bouteilles d'eau, de banderoles, d'affiches et de pancartes hissées au-dessus de leurs têtes, ils y ont inscrit entre autres : "Arabe, Kabyle, Chaoui, Mozabite, Targui…, nous sommes tous frères, non à la division", "Gaïd Salah, n'essaie même pas de nous diviser, les Algériens sont unis". Les marcheurs ont scandé à tue-tête "Gaïd Salah, cesse de nous berner, 7 et 8, pouvoir au peuple". Ils ont aussi réaffirmé, une fois de plus, leur rejet de l'élection présidentielle, notamment dans les conditions actuelles. "Il est hors de question qu'une élection présidentielle soit organisée ou tenue dans une situation pareille, notamment avec les résidus du régime. Nous ne leur ferons plus jamais confiance, nous avons déjà une idée sur leur mode opératoire", dira Moncef, l'un des manifestants rencontré devant le Palais de la culture. "À Gaïd Salah, nous disons : ‘Cessez de vous comporter comme un chef d'Etat, arrêtez de vous mêler de politique, personne ne vous a mandaté pour gouverner le pays et surtout n'essayez pas de jouer la carte de l'identité, nous sommes désormais la main dans la main et rien ne nous divisera'", renchérit-il. D'autres ont dénoncé l'entêtement et la politique de la sourde oreille des tenants du pouvoir quant aux revendications populaires. Le FLN, le RND, le MSP et d'autres partis politiques en ont aussi pris pour leur grade. Les manifestants ont appelé à la dissolution de tous les partis politiques qui, selon eux, "n'ont rien apporté au pays, mais, au contraire, ont trahi le peuple". Vers 15h30, plusieurs manifestants ont pris part à une prière de l'absent à la mémoire de l'ancien président égyptien, Mohamed Morsi, tenue en pleine rue, au centre-ville de Constantine. Un acte dénoncé par plusieurs manifestants qui se sont démarqués de cette initiative accusant une autre fois Gaïd Salah qui, selon eux, sème la division par ses discours impromptus, encourage les islamistes et s'en prend aux défenseurs de l'authenticité et de l'identité algérienne.