La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme réclame aux autorités soudanaises de "mettre fin à la répression des droits humains de la population et de cesser immédiatement le blocage d'internet". Michelle Bachelet a réclamé hier un accès de ses services au Soudan pour enquêter sur la brutale répression de manifestants par les forces de sécurité, car estimant que "le soulèvement populaire inspirant et pacifique au Soudan, avec son appel à la gouvernance démocratique et à la justice, a fait l'objet d'une répression brutale de la part des forces de sécurité ce mois-ci". Intervenant à l'ouverture de la 41e session du Conseil des droits de l'homme à Genève, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a exhorté le Soudan à autoriser l'accès à son bureau. Elle a regretté dans son allocution que "le gouvernement n'ait pas répondu à notre demande d'accès pour enquêter sur les allégations de violations graves des droits humains commises par les forces de sécurité (...) lors de la répression". Mme Bachelet réclame aux autorités soudanaises de mettre fin à la répression des droits humains de la population et de cesser immédiatement le blocage d'internet. La haute responsable onusienne a expliqué qu'"il a notamment été signalé que plus de 100 manifestants ont été tués et de nombreux autres blessés pendant et après l'assaut des forces de sécurité lors d'un sit-in pacifique le 3 juin", tout en déplorant les raids menés sur des hôpitaux et des cliniques et les agressions du personnel de santé. "Nous avons reçu des allégations de viols et d'abus sexuels perpétrés sur des femmes et des hommes pendant la répression, ainsi que des informations selon lesquelles des centaines de manifestants auraient disparu", a-t-elle également précisé. Elle a souligné enfin que "le peuple soudanais a le droit d'exprimer ses opinions et – comme tous les peuples du monde – il a le droit de vivre en liberté et en paix". Il y a lieu de rappeler qu'après plusieurs mois de manifestations qui ont poussé l'armée à destituer en avril dernier le président Omar al-Bachir, le Soudan est le théâtre d'un bras de fer entre le Conseil militaire de transition qui a succédé à Omar al-Bachir et les chefs du mouvement de contestation qui exigent le transfert du pouvoir aux civils. La tension est montée d'un cran depuis le 3 juin et la dispersion meurtrière d'un sit-in de manifestants devant le quartier général de l'armée soudanaise à Khartoum. Au moins 128 personnes ont été tuées dans l'opération et la répression qui s'est poursuivie les jours suivants, selon des médecins proches de la contestation. Les autorités sécuritaires soudanaises ont évoqué un bilan de 61 morts. Le Conseil militaire de transition a assuré ne pas avoir ordonné la dispersion du sit-in des manifestants.