C'est un véritable appel de détresse qu'ils lancent aux pouvoirs publics, en assurant qu'ils organiseront des sit-in tous les mercredis pour défendre leurs salaires et leurs emplois. Les travailleurs de KouGC, propriété de la famille Kouninef, ont organisé hier un rassemblement devant le siège de leur entreprise à Hydra (Alger) pour protester contre le non-versement de leurs salaires et la mise en péril de leurs emplois après le blocage total des comptes bancaires du groupe sur réquisition des instances judiciaires. "Nous ne réclamons rien d'autre que le déblocage de nos salaires et la préservation de nos postes d'emploi", clamaient ainsi les travailleurs de KouGC, en affichant leur détermination à poursuivre leurs actions de protestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications. "Nous continuerons à tenir des sit-in tous les mercredis devant le siège de l'entreprise pour défendre nos salaires et nos emplois", nous disent des représentants des travailleurs, qui, à cet effet, lancent un véritable appel de détresse à l'endroit des pouvoirs publics pour trouver une issue urgente au blocage des chantiers et du fonctionnement du groupe à la suite du gel de tous ses comptes bancaires sur décision du tribunal de Sidi M'hamed à Alger. De fait, après la mise en détention provisoire, en avril dernier, du gérant de KouGC et de trois de ses cinq actionnaires, en l'occurrence les frères Kouninef, les banques publiques Badr et BEA ont procédé, dès le début du mois en cours, au gel temporaire des comptes bancaires du groupe suite à la décision prononcée à cet effet par les instances judiciaires. À travers des notes datées respectivement du 6 et du 10 juin courant, la Banque de l'agriculuture et du développement rural (Badr) et la Banque extérieure d'Algérie (BEA) ont ainsi notifié au groupe KouGC que ses comptes sont bloqués "suite à une réquisition du juge d'instruction de la 5e chambre du tribunal de Sidi M'hamed". Cette mesure de gel des comptes bancaires, alors que la décision judiciaire de désigner un administrateur pour assurer la continuité de la gestion du groupe attend toujours d'être mise en application, "a entraîné un blocage total de l'activité et du fonctionnement de l'entreprise", nous expliquent des cadres de KouGC. Selon eux, 3 000 employés se trouvent ainsi privés de leurs salaires, tandis les chantiers et les projets déjà engagés par l'entreprise et sa filiale Nutris "sont à l'arrêt, ce qui risque à terme de mettre sérieusement en péril les emplois et même la survie financière du groupe". Propriété des Kouninef, famille connue pour sa proximité et son influence auprès du clan du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, KouGC, faut-il le rappeler, a longtemps bénéficié d'un accès privilégié aux marchés publics, réalisant ainsi une forte expansion durant ces dernières années, grâce notamment aux nombreux projets qui lui ont été confiés, dont, entre autres, des ouvrages routiers et hydrauliques, ainsi que des chantiers d'équipement pour le métro d'Alger et pour le secteur énergétique. Activant dans divers segments économiques, tels que les travaux publics, la téléphonie et l'agroalimentaire, KouGC affichait, durant ces cinq dernières années, un chiffre d'affaires de l'ordre de 15 milliards de dinars en moyenne annuelle. Le 24 avril dernier, trois de ses principaux actionnaires, les frères Kouninef, ainsi que le gérant du groupe ont été placés en détention provisoire pour des accusations liées notamment au "non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics, trafic d'influence avec des fonctionnaires de l'Etat pour l'obtention de privilèges et détournement du foncier et de concessions".