Certains manifestants ont marché avec des t-shirts floqués, sur le devant, du drapeau amazigh souligné d'un "Je suis fier de ma culture" et, sur le dos, de l'emblème national avec "Je suis fier de ma patrie." En dépit des interpellations, des tentatives de division, de l'entêtement de Gaïd Salah à aller vers une élection présidentielle contre la volonté populaire, les Oranais ne dévient pas de l'ultime objectif que la révolution du 22 février a tracé : la récupération de la souveraineté populaire pour l'édification de la 2e république. Les Oranais insistent naturellement sur le départ du système en place, y compris du chef d'état-major qui, ce vendredi encore, a cristallisé une partie du ressentiment des manifestants. Les slogans, dénonçant la trahison du général, le qualifiant de chef de la bande au pouvoir et exigeant son départ, ont été scandés par les milliers de manifestants qui ont marché de la place du 1er-Novembre vers le siège de la wilaya pour un rassemblement de protestation avant de revenir vers l'esplanade qui est devenue le symbole de la contestation populaire. Dans la foule, étaient présents Afifi Abderrahmane et Abdelhadi Abbès, les deux jeunes présentés à la justice la semaine passée pour port du drapeau amazigh. Alors que certains manifestants ont marché avec des t-shirts floqués, sur le devant, du drapeau amazigh souligné d'un "Je suis fier de ma culture" et, sur le dos, de l'emblème national avec "Je suis fier de ma patrie", des irréductibles ont bravé l'interdit en brandissant l'étendard berbère au milieu du foisonnement des drapeaux algériens et en vilipendant le pouvoir qui veut créer l'amalgame et la division au sein du mouvement. "Personne n'est dupe, les couleurs amazighes ne constituent une menace pour personne. C'est une tentative du pouvoir de semer les graines de la division, mais les Algériens sont vigilants et nous sortirons victorieux de ce bras de fer", a estimé un porteur du drapeau amazigh en assurant ne pas craindre l'interpellation. "Des jeunes ont été arrêtés et présentés à la justice alors qu'aucun article de loi n'interdit le port du drapeau. Pourquoi aurais-je peur ?", s'est interrogé un sexagénaire. Et de fait, près du lycée Lotfi, deux policiers en uniforme ont imprudemment tenté d'arracher le drapeau amazigh à un trentenaire, provoquant une violente réaction des marcheurs que des animateurs du mouvement ont eu beaucoup de mal à calmer. Après plusieurs minutes de pourparlers, les policiers ont rebroussé chemin et les manifestants ont repris la progression vers le siège de la wilaya. Devant le siège de la wilaya, les manifestants — parmi lesquels des femmes en tenue traditionnelle kabyle, exhibant la mythique "thimehremth ouhelles" — ont scandé les slogans classiques fustigeant les voleurs et les fossoyeurs de la République et rejetant tout dialogue avec les représentants d'el-içaba, et même davantage une élection encadrée par leurs soins. "Nous résisterons jusqu'au bout. La lutte se poursuivra jusqu'à la victoire finale", pouvait-on entendre ou lire sur des pancartes et des banderoles. En définitive, si le nombre des manifestants a légèrement diminué, le message porté avec détermination par les marcheurs de ce dernier vendredi de juin, est le même que celui qui est défendu par tous les Algériens qui sortent chaque vendredi et chaque mardi depuis quatre mois. Il n'y a pas de différence entre les citoyens d'une même nation, le peuple et les militaires sont frères et toutes les tentatives de division sont vouées à l'échec.