La fin de la marche de ce 19e vendredi à Oran, a été particulièrement houleuse, avec l'interpellation musclée de plusieurs manifestants à la place du 1er-Novembre. L'attitude des agents des forces de l'ordre a même failli provoquer des affrontements, n'était la réaction sage de certains citoyens. Parmi la foule des manifestants à la place du 1er-Novembre, des agents des forces de l'ordre en civil, ont tenté d'embarquer tout d'abord deux manifestants porteurs de l'étendard amazigh et revêtus de t-shirts où était imprimé l'emblème amazigh. Une femme s'est vite interposée, rejointe par d'autres citoyens. S'ensuivirent des bousculades et des empoignades avec les policiers qui finiront par céder et relâcher les deux manifestants. À d'autres endroits, même méthode d'interpellation. Au total, ce sont 9 manifestants qui ont été embarqués et conduits au siège de la sûreté de wilaya. Vite, une action de protestation a été décidée : un rassemblement devant le commissariat. Le mot d'ordre : "Tous au commissariat central pour exiger la libération de nos amis !", est lancé et près de 500 personnes, dont des femmes de tous âges, avec leurs enfants, venues spontanément des quartiers riverains à la place du 1er-Novembre, marcheront vers le commissariat central. D'un pas déterminé et rapide, brandissant les drapeaux et scandant à tue-tête "N'roho central" (nous allons au central), et "Arabes, Kabyles khawa, khawa", les manifestants ont emprunté le Bd Maâta, puis le Bd Mascara. Mais arrivés au niveau de Dar El-Hayet, bien avant le siège de la sûreté de wilaya, les manifestants ont été bloqués par un dispositif sécuritaire des plus impressionnants. Des dizaines de camions, des véhicules à canon à eau, et les brigades anti-émeutes munies de matraques et de grenades lacrymogènes, leur ont fait barrage. Des officiers de police ont alors tenté d'impressionner les manifestants en laissant entendre qu'ils valaient mieux pour eux de déguerpir avant une intervention. Les citoyens refusent de bouger jusqu'à la libération des détenus. Il aura fallu attendre 19h30 pour voir les détenus sortir du commissariat sous les cris de joie et les youyous des manifestants. Accueillis comme des héros, l'un d'eux dira qu'au commissariat les policiers sont allés jusqu'à retirer à un jeune son t-shirt sur lequel était imprimé l'étendard amazigh. Ce n'est qu'après la libération de tous les interpellés que les manifestants s'en iront dans la joie, mais toujours aussi déterminés à faire le chemin inverse et ainsi retourner vers la place du 1er-Novembre.