Ouyahia, Sellal, Hamel, Tahkout, Kouninef…, les exemples sont légion de ces personnalités impliquées dans des affaires de corruption et qui ont entraîné les leurs en prison. La mise en détention préventive de hauts responsables de l'Etat, dont des Premiers ministres et des ministres, mais aussi des opérateurs économiques, avec leurs enfants et leurs épouses, est une première dans les annales de la justice algérienne. Au-delà du fait qu'ils ne s'attendaient guère que viendrait le jour où ils seraient comptables de leurs crimes et qu'ils seraient incarcérés à la prison d'El-Harrach, ces derniers avaient impliqué leurs fils, leurs filles et leurs femmes dans la dilapidation de deniers publics, la spoliation du foncier, le transfert illicite des capitaux, le détournement et le blanchiment d'argent sous le couvert d'entreprises commerciales créées avec l'argent du Trésor public. Evidemment et jusqu'à preuve du contraire, les mis en cause jouissent de la présomption d'innocence tant que leur culpabilité n'est pas définitivement établie lors d'un procès. D'aucun n'aura imaginé que des Premiers ministres et de puissants opérateurs économiques finiraient, en famille, derrière les barreaux alors qu'ils se permettaient tout quand ils exerçaient leurs fonctions et occupaient le devant de la scène politique et économique. En impliquant leurs smalas dans cette sale besogne, ces hauts responsables ont consciemment décimé leurs familles le temps d'une présentation devant les juges d'instruction qui, jusqu'ici, n'ont trouvé aucun artifice pour leur clémence. À commencer par les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, qui ont entraîné leurs fils dans des affaires de corruption et qui les ont conduits en prison dans l'affaire d'Ali Haddad. Mais, la mise sous mandat de dépôt, samedi dernier, de l'ex-patron de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, de ses trois fils et de sa fille, est un exemple édifiant qui illustre le désarroi de toute une famille, à l'exception de son épouse qui, elle, est placée sous contrôle judiciaire. Idem pour Mahieddine Tahkout, le patron du groupe Tahkout qui, du jour au lendemain, a traîné sa famille devant les tribunaux. C'est en juin dernier que le patron du groupe Tahkout, son fils Bilal, ses deux frères Rachid et Hamid ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la maison de rétention d'El-Harrach. Un mois auparavant, c'était au tribunal correctionnel d'El-Tarf de condamner Mounir Tahkout (32 ans), le neveu de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, à six mois de prison ferme pour fausse déclaration de permis de conduire. Dans le viseur de la justice, le groupe KouGC a vu, l'espace d'une instruction au tribunal de Sidi M'hamed, la puissante fratrie Kouninef décimée. Ainsi, les trois frères Kouninef, Réda Abdelkader, Karim et Tarek, ont subi le même sort pour avoir indûment bénéficié de projets publics sans honorer leurs engagements. C'est aussi le cas dans l'affaire de Mourad Oulmi, le patron du groupe Sovac, incarcéré, lui, à la prison d'El-Harrach, et dont les deux frères ont été placés sous contrôle judiciaire, tout en bénéficiant de la liberté provisoire. Attendu dans la matinée d'aujourd'hui à la Cour suprême, l'ex-patron du parti du Front de libération nationale et ex-ministre de la Solidarité nationale et de la Famille, Djamel Ould Abbes, a également impliqué ses deux enfants dans des affaires de corruption. Si le premier est placé sous mandat de dépôt, le second a réussi à prendre la fuite. Même son neveu, cité dans une affaire à Sidi Bel-Abbès, a fini sa course derrière les barreaux. D'autres épouses et enfants de plusieurs hommes d'affaires, récemment convoqués par la section de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab Jdid, se sont vu retirer leurs passeports et sont frappés de l'interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Nos sources affirment également que plusieurs patrons de grands groupes, dont les épouses et les enfants, sont auditionnés chaque jour dans le cadre d'enquêtes préliminaires.