En une semaine, deux imams, sur une dizaine passible de mesures de déchéance de la nationalité française ou de reconduite à la frontière, évoquées par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ont été expulsés vers l'Algérie. Moins d'un mois après les attentats de Londres qui ont révélé des kamikazes fanatisés, les autorités françaises ont commencé à mettre à exécution leur menace de sanction contre les imams radicaux, accusés d'embrigader les jeunes musulmans des cités pour les envoyer au djihad. En une semaine, deux imams, sur une dizaine passible de mesures de déchéance de la nationalité française ou de reconduite à la frontière, évoquées par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ont été expulsés vers l'Algérie. Réda Ameuroud, qui avait appelé au djihad près d'une mosquée parisienne, a été expulsé, vendredi dernier, 17 jours après son arrestation. Cet homme de 35 ans, en situation irrégulière, avait été appréhendé lors d'une “opération de prévention du terrorisme” dans un arrondissement de Paris où se trouve une mosquée fréquentée, notamment, par des radicaux. Surveillé par la police et le contre-espionnage, Ameuroud fait partie de la dizaine de “référents idéologiques” repérés — en plus d'une dizaine d'imams radicaux — en raison de leurs discours haineux et violents, ont déclaré les autorités. Un autre Algérien, Abdelhamid Aïssaoui, 41 ans, a été expulsé le 23 juillet dernier. Cet “imam occasionnel” avait été condamné à quatre ans d'emprisonnement pour sa participation à la tentative d'attentat contre un train à grande vitesse (TGV), dans la région de Lyon (Centre-Est), le 26 août 1995, perpétrée par le GIA. Réda Ameuroud est le frère aîné d'Abderrahmane Ameuroud, 27 ans, condamné en mai dernier à sept ans d'emprisonnement et à l'interdiction définitive du territoire pour avoir offert un soutien logistique à deux Tunisiens qui ont assassiné le commandant Ahmed Shah Massoud en Afghanistan le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats aux Etats-Unis. Les services français ont ciblé une dizaine d'imams majoritairement maghrébins, mais aussi turcs et installés dans les régions à forte concentration d'immigration comme Lyon, Marseille (Sud) et Paris. La France compte “un peu moins de 1 100 imams identifiés dont l'immense majorité ne pose aucun problème”, selon les autorités. La moitié exerce de manière régulière, 320 n'officiant que lors de la prière du vendredi, et 150 étant des prédicateurs occasionnels. 30% sont marocains, 20% algériens, un peu moins de 20% français, et moins de 15% turcs. Parmi les 1 500 lieux de culte musulman répertoriés en France, “un peu moins d'une quarantaine” est sous influence salafiste, avec “des discours qui vont d'un fondamentalisme classique à des thèses plus violentes”, incitant à la haine raciale ou au djihad, selon une source policière. Autoproclamés, les imams “occasionnels” n'ont souvent pas de formation et n'ont du Coran qu'une connaissance sommaire. Parfois, en situation d'échec scolaire, ils arrivent quand même à exercer une certaine influence sur les jeunes des quartiers défavorisés en perte de repères identitaires. “Le titre d'imam est galvaudé, c'est un titre souvent usurpé”, s'est révolté le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur. “Parfois, il suffit d'avoir une djellaba ou un turban pour passer pour un grand cheikh de l'Islam”. La fermeté des autorités françaises commence à inquiéter les milieux de l'immigration, un an et demi après l'adoption d'une loi sur la laïcité interdisant, notamment, le port du voile à l'école. Synthèse R. N.