Les détenus d'opinion ne sont pas oubliés par les étudiants qui ont réclamé leur libération. "La libération des détenus d'opinion est notre exigence", ont-ils scandé. Pour le 20e mardi de suite, les étudiants ont tenu, hier, à réitérer leur rejet de l'ensemble des symboles du système que le peuple appelle à "dégager". Ni la période de vacances, ni les examens de fin d'année pour certains et encore moins la forte présence policière n'ont dissuadé les étudiants à sortir en masse pour réaffirmer leur fidélité à la révolution du peuple. Cela d'autant plus que cette journée a coïncidé avec l'expiration de l'intérim présidentiel du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, synonyme du début du vide constitutionnel. Conscient de cette réalité, les étudiants ont bien choisi leurs slogans, pour la circonstance : "On est dans le vide constitutionnel, rendez le pouvoir au peuple", "La fin de votre règne a sonné", "Nous n'allons pas vous laisser gouverner contre la volonté du peuple" ou encore "Pas de dialogue avec la bande", allusion au pseudo-dialogue auquel avait appelé le pouvoir. Le chef d'état-major, qui s'est érigé en maître absolu depuis la destitution du président Bouteflika, est devenu la cible de prédilection des étudiants. "On en a marre des généraux", "Pas d'Etat militaire, mais un Etat civil", "Il n'y aura jamais d'élections sous votre contrôle, votre place est dans les casernes", "Gaïd raïs el-îssaba" (Gaïd chef de bande), ou encore l'incontournable "Gaïd dégage !" sont, en effet, autant de slogans hostiles au chef d'état-major scandés par la foule à laquelle se sont joints de nombreux citoyens. Les détenus d'opinion ne sont pas oubliés par les étudiants qui réclament leur libération plutôt comme une exigence et non comme un préalable. "La libération des détenus d'opinion est notre exigence. Ce n'est pas un préalable que nous posons pour négocier avec vous. Il n'est plus question de négocier quoi que ce soit avec vous dont le seul souci est de sauver le système et vos intérêts", ont-ils averti. "Arrêtez la hogra !", criaient-ils, allusion faite aux arrestations arbitraires dont sont victimes des dizaines de citoyens innocents. Visiblement conscients des ennuis que cela pourrait leur attirer, les étudiants ont, par ailleurs, habilement évité de sortir l'emblème amazigh. Néanmoins, cela n'a pas empêché quelques zélés, en civil, de tenter de perturber la marche pacifique des étudiants. Une manœuvre aux desseins inavoués que les manifestants ont également su déjouer avec beaucoup de civisme. Devant les espaces drastiquement réduits par les contingents de la police, les étudiants ont dû redoubler d'efforts et d'improvisation pour contourner, pacifiquement, les innombrables écueils dressés sur l'itinéraire de leur marche. Celle-ci s'est ébranlée vers 10h de la place des Martyrs pour atteindre, non sans peine, le grand rond-point jouxtant la Grande-Poste, en passant par la rue Larbi-Ben Mhidi et l'avenue Pasteur. Contenue par les cordons policiers à même le rond-point, au détriment de la circulation routière, la foule finira par se disperser, vers 13h, dans le calme.