En dépit d'importants embouteillages bloquant les entrées de la capitale, en raison de barrages filtrants dressés par les forces de l'ordre, des centaines de manifestants, venus des wilayas adjacentes, ont pu accéder à la capitale. Dix semaines de mobilisation contre le régime en place, et le mouvement populaire algérien ne faiblit pas d'un cran, en dépit du limogeage de symboles du régime et les incarcérations dans des affaires de corruption présumée. Pour ce 10e vendredi consécutif de contestation, les Algériens sont plus que jamais déterminés à atteindre leur objectif commun : «mettre fin au règne de la bande et l'instauration d'un véritable Etat de droit». En dépit d'importants embouteillages bloquant les entrées de la capitale, en raison de barrages filtrants dressés par les forces de l'ordre, des centaines de manifestants, venus des wilayas adjacentes, ont pu accéder à la capitale. La manifestation a pris de l'ampleur juste après la fin de la prière du vendredi, alors que pour la seconde fois consécutive, le Tunnel de la Faculté au niveau de la Place Maurice Audin a été fermé par un dispositif sécuritaire important pour éviter tout éventuel dérapage. En plus des slogans habituels : «Système dégage !» ; «Yetnahaw ga3 (ils partent tous) !» ; «Djeïch chaâb khawa khawa (Armée et peuple sont des frères) !» ; «klitou leblad ya saraqin (vous avez dilapidé le pays bande de voleurs) !».. des slogans hostiles à Gaïd Salah et Saïd Bouteflika ont été scandés par les manifestants. «Gaïd Salah Dégage !», «Djibou Saïd !»(Ramenez Saïd (Bouteflika). D'autres ont préféré rappelé au chef d'état-major que le «peuple est le seul gaid», en réponse à ses discours tantôt menaçants tantôt conciliants. «Gaïd Salah ennemi public numéro 1». «Les voleurs seront jugés par les tribunaux de la deuxième république. Pas par des ordres venant de l'institution militaire», a indiqué une dame venue de Blida. A la rue Didouche, drapés de l'emblème national, les manifestants scandaient ainsi : «had cha3b, la yourid, Gaïd salah wa Saïd», ou encore «Gaïd Salah, raïs el 3issaba (chef de la bande)». «Dix, dix vendredis que nous sortons exprimer notre refus de ce système. Et monsieur Gaïd Salah nous demande d'élire un président durant des élections contrôlées par Bensalah et, Bedoui …», a-t-on protesté. «Non à une justice sélective !» Les limogeages, les convocations judiciaires et poursuites annoncées contre des caciques du régime et le placement en détention provisoire d'hommes d'affaires, ne convaincs pas les Algériens. De nombreux manifestants ont exigé l'indépendance de la justice et de «vrais procès». La justice a été en effet, au cœur des slogans scandés par les nombreuses foules ayant envahi avant 10h du matin, les marches de la Grande-Poste. Commentant les enquêtes ouvertes par le parquet d'Alger sur des affaires présumées de corruption et la mise en détention provisoire de certains hommes d'affaires, un étudiant en médecine avance : «la justice doit convoquer tous les voleurs. Saïd Bouteflika en premier lieu, ainsi que toute personne devenue millionnaire ou milliardaire, durant ces 20 années.» «Son Excellence, le Peuple ordonne l'arrestation du chef de la 3issaba, Saïd Bouteflika», pouvait-on lire sur une pancarte devant la Grande-Poste. «Non à la justice aux ordres, sélective et orientée», a-t-on écrit sur d'autres pancartes. «Pas de pièces de théâtre !». «Nous voulons de vrais procès et non des pièces de théâtre», a indiqué un manifestant qui revendique également l'indépendance de la justice. Les manifestants refusent particulièrement que les structures et figures du système de Bouteflika organisent la présidentielle fixée au 04 juillet et réclament une transition dirigée par des structures ad hoc. Et ils ont répétés les revendications constantes depuis le début d'avril et le départ de Abdelaziz Bouteflika, à savoir la démission du gouvernement de Noureddine Bedoui, le départ du chef de l'état par intérim Abdelkader Bensalah et le refus de la présidentielle du 04 juillet. «On refuse cette élection du 04 juillet». «Comment des mafieux et des fraudeurs peuvent organiser des élections honnêtes? On marchera jusqu'à ce qu'ils comprennent!», ont affirmé des jeunes rassemblés devant la faculté d'Alger. «On ne veut pas de ce gouvernement de la honte», a-t-on ajouté. Les manifestants ont également rendu hommage au jeune Ramzi Yettou, décédé après avoir reçu, vendredi dernier, un violent coup de la part d'un policier selon sa famille, et réclame l'ouverture d'une enquête. Fella Hamici Un référendum organisé à Alger contre l'élection présidentielle du 04 juillet : «Yatnahaw Ga3» sort vainqueur Pour affirmer haut et fort le rejet des élections présidentielles prévues pour le 04 juillet, des manifestants ont organisé ce vendredi 26 avril 2019, un référendum à la Grand-Poste au centre d'Alger. Une urne a été mise en service des manifestants qui y ont glissé un bulletin pour exprimer leur opinion. «Yatnahay Ga3 !» (dégagez tous), est l'option choisie par les manifestants à l'unanimité. C'est un geste ou une initiative symbolique qui affirme le rejet du peuple de toutes les propositions émanant de n'importe quel clan. Les manifestants réitèrent leur exigence de départ du régime et son changement radical ainsi que le système politique actuel.