L'enrôlement de certains pays dans cette escalade américaine contre l'Iran risque de provoquer le chaos dans un Golfe persique déjà en proie à une instabilité chronique. Les Etats-Unis sont revenus à la charge hier, en appelant à la formation d'une coalition internationale maritime pour, officiellement, garantir la liberté de navigation dans le Golfe, après avoir échoué à concrétiser son projet de coalition militaire arabe, avec l'aide de son allié saoudien dans la région, a rapporté hier Reuters. "Nous contactons en ce moment un certain nombre de pays pour voir si nous pouvons assembler une coalition qui garantirait la liberté de navigation dans les détroits d'Ormuz et de Bab al-Mandeb", a déclaré le général Joseph Dunford, le chef d'état-major interarmes américain, dans une vidéo diffusée par l'agence Reuters. "Je pense que probablement au cours des deux ou trois prochaines semaines, nous déterminerons quelles sont les nations qui ont la volonté politique de soutenir cette initiative, et ensuite nous travaillerons directement avec les militaires pour identifier les capacités spécifiques qui soutiendront cette initiative", a expliqué le général Dunford, le plus haut gradé américain. Les Etats-Unis veulent saisir l'occasion des récentes attaques, à l'origine toujours inconnue, de navires pétroliers au large de la mer d'Oman, pour relancer l'idée d'une coalition dont l'objectif et de provoquer davantage Téhéran que Donald Trump a soumis à un asphyxiant dispositif de sanctions. Les Etats-Unis, a-t-il dit, fourniraient "la connaissance et la surveillance du domaine maritime", et les tankers seraient escortés par les nations sous le drapeau desquelles ils naviguent. Le Japon, directement touché par l'attaque d'un des deux pétroliers visés en juin dernier, s'est refusé de commenter cette annonce américaine, a indiqué Reuters. "Nous sommes très préoccupés par l'escalade de la tension au Moyen-Orient et il est important d'assurer la sécurité du passage du détroit d'Ormuz pour la sécurité énergétique de notre pays ainsi que pour la paix et le bien-être de la communauté internationale", a déclaré Cotaro Nogami, secrétaire général adjoint au cabinet du Premier ministre japonais, lors d'une conférence de presse tenue hier à Tokyo. "Le Japon restera en contact étroit avec les Etats-Unis et les autres pays concernés et continuera à faire des efforts pour la stabilité et calmer les tensions au Moyen-Orient", a-t-il ajouté. Cette sortie du chef militaire américain intervient dans un contexte de montée de tensions entre Téhéran et les signataires de l'Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, dont les Etats-Unis qui s'étaient unilatéralement retirés en 2017 sur décision de Donald Trump. Le chef d'Etat américain veut négocier un nouvel accord que l'Iran refuse, mettant dans une position inconfortable ses alliés européens qui tentent aujourd'hui de sauver un texte devenu quasiment caduc. Pour rappel, les deux passages maritimes d'Ormuz et de Bab al-Mandab sont vitaux pour le commerce mondial. Environ 4 millions de barils de pétrole par jour transitent par Bab al-Mandab en direction de l'Europe et des Etats-Unis, ainsi que vers l'Asie. Ceci sans compter l'impressionnant flux des produits commerciaux, surtout en provenance de la Chine. Cela constitue l'une des raisons de la guerre d'agression saoudienne au Yémen, où l'Iran tente par ailleurs d'asseoir son influence en soutenant les Houthis dans leur guerre contre le gouvernement de transition pro-Ryad.