Les Béjaouis sont sortis par dizaines de milliers au chef-lieu de wilaya de Béjaïa ainsi qu'à Akbou. La 21e marche de la dignité est une réussite malgré la chaleur et l'humidité. S'il est vrai qu'elle n'a pas égalé en nombre la marche du 5 juillet dernier, les manifestants paraissent toujours aussi déterminés. La foule n'avait, visiblement, qu'un message à transmettre au chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui avait prononcé, a dénoncé Abdenour, un militant politique de gauche, "son discours le plus agressif à l'égard du mouvement du 22 février". Nombreux sont les manifestants qui se sont présentés avec les drapeaux national et amazigh. Ils ont scandé tout au long de leur itinéraire : "Echaâb la yourid houkm el âaskar" (le peuple ne veut pas d'un régime militaire), "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil, non pas militaire) ; "Echaâb yennad atruhem, atruhem, atruhem" (le peuple a dit que vous partirez, vous partirez, vous partirez) ; "Goulna tetnehaw gaâ" (on a dit : vous dégagerez tous) ou encore : "Allez, allez, nennad ulac l'vot" (on a dit qu'il n'y aura pas de vote), en guise de réponse à ceux qui insistent sur l'organisation dans les plus brefs délais de l'élection présidentielle. Durant ce 21e vendredi de la colère, marqué par une présence significative de femmes mais aussi de personnes âgées, les manifestants continuent à faire référence à la lutte de Libération nationale et ce, en portant fièrement les photos des chefs historiques de la Révolution et de ses baroudeurs. Sur une photo d'Abane Ramdane, on a écrit en exergue : "Primauté du civil sur le militaire." Sur une autre, on a écrit : "L'Algérie n'est pas une caserne" ou encore "Le hirak, notre espoir". En arrivant au rond-point de Nacéria, baptisé place Matoub-Lounès, une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes du Printemps noir d'avril 2001. Occasion aussi d'avoir une pensée pour tous les détenus d'opinion, notamment Lakhdar Bouregâa et les jeunes militants arrêtés pour avoir manifesté avec le drapeau amazigh. Ont été aussitôt scandés : "Ulac smah, ulac" (Pas de pardon) ; "Pouvoir assassin" ; "Mazalagh d Imazighen" (nous demeurons des Amazighs). C'est le carré, formé par les Architectes engagés, qui a clôturé cette 21e marche de la dignité.