Les membres du panel des personnalités chargées par Abdelkader Bensalah de superviser un dialogue national ont été fortement critiqués par les milliers de citoyens ayant battu le pavé, hier, à Bouira, lors du 23e acte des marches du vendredi contre le système. En effet, ce panel, son coordinateur Karim Younès, ainsi que certains membres de sa composante, tels que Smaïl Lalmas, ont été littéralement qualifiés de "traîtres" à la cause par les contestataires, qui refusent encore et toujours tout dialogue avec "la bande et ses résidus". "Ces personnes ne représentent qu'elles-mêmes et n'ont nullement le droit de parler au nom du peuple, encore moins de dialoguer en son nom", tranchera un manifestant, qui tenait une pancarte où il était écrit "Non au dialogue avec la bande". La contestation d'hier et malgré une chaleur écrasante a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de marcheurs qui ont unanimement condamné la "trahison" des six membres de ladite commission. "D'où sortent-ils ? Qui sont-ils ? Et qui les a mandatés pour mener le dialogue au nom du peuple ?" s'est interrogé Tahar, un retraité de l'éducation nationale. Pour Mani Aomar, ex-élu à l'APW de Bouira, tout dialogue doit inclure un seul et unique impératif : le départ de tout le système. "Nous sommes là pour réaffirmer notre seule et unique revendication : le départ de tout le système dans sa globalité", a-t-il en outre souligné. D'autres slogans hostiles au chef d'état-major, à l'instar de "Sorry Gaïd Salah, e-châab machi djayeh" (Désolé Gaïd Salah, le peuple n'est pas naïf), "Dawla madania, machi âaskaria", ont été scandés à tue-tête par les manifestants. D'autres slogans réclamaient la libération des personnes incarcérées ces dernières semaines — plus d'une soixantaine. C'est le cas de Lakhdar Bouregâa, un vétéran de la guerre d'indépendance accusé d'"atteinte au moral de l'armée". "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion (…). Mettre en prison des jeunes pour avoir porté un drapeau identitaire et culturel, nous considérons cela comme une atteinte à nos libertés les plus fondamentales", soulignera le président de la section du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) de Haïzer. Tout au long de leur procession qui les a menés au siège de la wilaya, les protestataires ont copieusement critiqué le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, mais aussi l'institution judiciaire, laquelle, selon les manifestants, a été instrumentalisée à des fins politiques. D'autres manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles était inscrit : "On ne gère pas un pays avec des casernes, des mosquées et de l'argent sale", "Comment une bande de malfrats peut-elle apporter le changement ?" Les marcheurs, tout au long de leur procession, ont, bien évidemment, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : "Bedoui dégage !", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime !" ou encore les traditionnels "Pouvoir assassin !". RAMDANE BOURAHLA