Les manifestants ont réaffirmé leur rejet de tout dialogue avec "la bande au pouvoir". "Pas de dialogue avec la bande" est, en effet, le slogan qui a été scandé à chaque coin de rue, hier, dans la capitale. Encore un vendredi, le 23e consécutif, des grandes manifestations populaires pacifiques contre le système, de réussi, hier à Alger. En effet, des centaines de milliers d'Algériens y ont, une nouvelle fois, fait une véritable démonstration de force et ce, malgré les multiples écueils dressés sur leur chemin, ou encore les manœuvres tentées, ces derniers temps, par les tenants du pouvoir dans le but de casser la révolution. Le peuple ne croit en aucune promesse qui viendrait du pouvoir, encore moins de ses multiples relais. L'avènement du panel dit de médiation, de concertation et de dialogue constitué de personnalités nationales, à leur tête l'ancien président de l'APN Karim Younès, qui a été reçu, jeudi, par le chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, n'a pas échappé à la rue, qui dénonce une "manœuvre visant à casser le mouvement populaire". "Karim Younès roh et'haouess" (Va voir ailleurs) et "Karim Younès dégage" sont les slogans improvisés à cette occasion pour rejeter cette initiative. Pour le peuple, une telle initiative ne pouvait être qu'"inspirée par les tenants du pouvoir". L'économiste Smaïl Lalmas, autre membre de ce panel, qui a tenté de marcher à Alger, a, pour sa part, été chahuté par un groupe de manifestants aussitôt qu'il a fait son apparition à la place du 1er-Mai. La rue réaffirme ainsi son rejet de tout dialogue avec "la bande au pouvoir". "Pas de dialogue avec la bande" est, en effet, le slogan scandé à chaque coin de rue. Comme chaque vendredi, le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, en a pris pour son grade. Il a été, en effet, la cible privilégiée des manifestants qui, plus globalement, rejettent l'Etat militaire. "Etat civil et non militaire", "Gaïd dégage" ou encore "Non au pouvoir des généraux" sont autant de slogans hostiles à l'institution militaire que le peuple ne voudrait plus voir s'immiscer dans la vie politique. Le fait saillant qui a marqué la marche d'hier concerne, par ailleurs, le non-respect de l'engagement, aussi informel soit-il, pris par le président intérimaire, Bensalah, à l'occasion de sa rencontre avec les représentants du panel, pour, entre autres, alléger le dispositif de sécurité lors des manifestations populaires et ouvrir les accès à Alger. En effet, il n'y a rien eu de tout cela. Bien au contraire, la fermeture des axes menant vers la capitale et le déploiement des forces de l'ordre ont même été renforcés à cette occasion. Quant à l'interdiction de l'emblème amazigh dans les manifestations, il n'était pas possible de le vérifier, en ce sens qu'aucun manifestant n'a bravé, cette fois-ci, le risque de brandir cet emblème qui a mené auparavant en prison des dizaines de citoyens. Si elle a drastiquement quadrillé la capitale, manière de réduire les espaces, la police, faut-il le dire, n'a en revanche pas réprimé la manifestation. C'est une première depuis plusieurs vendredis où les éléments de la police ont souvent fait usage de la force pour tenter de disperser la foule. Ce qui a encouragé le retour des agoras. Les manifestants ont, en effet, profité de ce retour relatif au calme pour lancer le débat à plusieurs endroits. Aussi, pour la première fois depuis au moins quatre vendredis, le siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'a pas été ciblé par la police. Les militants de ce parti, mené par leur président, Mohcine Belabbas, ont ainsi, enfin, pu marcher sans être brutalisés. Hier, les manifestations étaient concentrées essentiellement dans les deux grands boulevards Didouche-Mourad et Hassiba-Benbouali. Farid Abdeladim