Les PIM de la collection "Djib" rassemblent des textes tirés d'archives de romans, d'essais, de théâtre, de recueils de poésie… présentés par des historiens, des écrivains et des universitaires. Les éditions El-Kalima viennent de sortir deux nouveaux opus de la série "Petits inédits maghrébins" de la collection de poche "Djib". Ces ouvrages rassemblent des textes tirés d'archives de romans, d'essais, de théâtre, de recueils de poésie… fruit d'un travail minutieux, élaboré par des chercheurs, des universitaires, des écrivains et des historiens, sous la direction de Guy Dugas, directeur littéraire du projet et professeur émérite de l'université Montpellier 3. À propos de cette initiative, qui a pour objectif de rendre "accessible au grand public ces textes inconnus", Guy Dugas avait expliqué dans une rencontre tenue au dernier Sila que "la littérature relative au Maghreb a encore de quoi surprendre. Les écrivains nous ont laissé des cartons entiers de textes non publiés, ceux des années 1950 des œuvres radiophoniques, des chroniques ou des feuilletons non recueillis ou égarés". À cette occasion, les PIM permettront aux lecteurs de "partir à la découverte des littératures des pays voisins, faire connaître la littérature algérienne aux lecteurs tunisiens et marocains, initier le lecteur français aux francographies maghrébines et les surprendre tout en dénichant des textes susceptibles de donner tout une autre idée d'écrivains". Cette série des petits inédits maghrébins compte déjà quatre ouvrages : Jean Sénac, l'enfant fruitier par Guy Dugas, Abdelkader Hadj Hamou, l'offense par Hadj Miliani, Anna Gréki et Mohammed Khadda, souvenirs dans le vertige par Naget Khadda et Laadi Flici et autres, Alger 1967. Camus un si proche étranger par Agnès Spiquel. Pour cette année, deux nouveau-nés viennent de sortir de l'imprimerie : Sans souliers ni chemise. Lettres de prison des révoltés de Marguerite (1901) par Christian Phéline, et Henry de Montherlant. Rhadidja suivi de Sur une belle lépreuse par Guy Dugas. Dans le premier ouvrage, l'historien Christian Phéline a rassemblé des lettres écrites en français et en arabe, ayant été adressées à Marc Jenoudet, principal colon du petit village viticole de Marguerite (Aïn Torki), par sept de ses employés, incarcérés à l'issue de la révolte d'un jour surgie le 26 avril 1901. Ces missives, qui étaient pour la plupart des demandes de secours matériels ou d'aides à leurs familles, "révèlent l'immense détresse des détenus et le rapport paradoxal d'allégeance comme de contestation, de dépendance économique mais aussi affective, établi entre ces «damnés de la terre» et leur ancien patron". À ce propos, l'auteur a expliqué que "l'embrasement du 26 avril ne relevait guère d'un projet prémédité d'insurrection ou de conquête religieuse visant à perdurer et à s'élargir vraiment. Mais à un moment paroxystique d'autant plus violent que ses acteurs peuvent bien l'imaginer de courte durée". Ce 5e numéro des PIM, qui, selon l'historien, sort du "domaine littéraire", se veut un travail de mémoire pour ces 134 paysans algériens incarcérés durant deux ans, entre la France et l'Algérie. Quant au dernier numéro présenté par Guy Dugas, l'universitaire revient sur la période durant laquelle l'écrivain Henry de Montherlant désirait se "désolidariser" de tout ce qui le "rattache" au vieux monde. Dans le sillage de préserver le patrimoine littéraire, outre les PIM, Naïma Beldjoudi (éditions El-Kalima) et Guy Dugas viennent de lancer l'association Aspame (Association patrimoine méditerranéen), qui se fixe comme objet "la sauvegarde et la conservation des fonds littéraires et journalistiques dans l'espace méditerranéen ; la valorisation de ce patrimoine ainsi que l'aide à la diffusion et à la circulation du livre dans cet espace".
H. M. "Sans souliers ni chemise. Lettres de prison des révoltés de Marguerite (1901)" par Christian Phéline et "Henry de Montherlant. Rhadidja" par Guy Dugas. Collection "Djib", éditions El-Kalima, 600 DA. Disponibles en France à 13 €.