La communauté universitaire de Béjaïa a exprimé, hier, son rejet de la dernière offre politique du pouvoir en place qui tente, encore une fois, de désamorcer la crise de légitimité dans laquelle il patauge, en lançant une énième initiative de dialogue menée par un panel de six personnalités, à sa tête l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale Karim Younès. Lors de la 23e marche hebdomadaire organisée hier matin dans les rues de Béjaïa, des centaines d'enseignants, des travailleurs ATS et des étudiants de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, auxquels se sont joints des représentants de la société civile, ont fustigé les membres du panel ayant pris langue avec un chef d'Etat "illégitime", considéré comme l'un des symboles du système et partisan zélé du président déchu Abdelaziz Bouteflika. "La hiwar, la chiwar, errahil obligatoire" (Pas de dialogue, pas de négociations, le départ du système est obligatoire), n'ont-ils cessé de crier haut et fort, tout au long de leur parcours qui s'étale du campus de Targa Ouzemour jusqu'à la cité Tobbal. Reprenant en chœur les slogans chers au mouvement populaire né de l'insurrection du 22 février 2019, les marcheurs ont scandé à tue-tête, entre autres : "Les Algériens khawa, khawa, El Gaïd mâa el khawana", "Dawla madania, matchi askaria, matchi boulicia", "Pouvoir assassin", "Mazalagh d-Imazighen", "Ni Gaïd, ni Bensalah, système tayeh, tayeh", "Système dégage"… "On ne peut pas dialoguer ou négocier avec un pouvoir illégitime et corrompu. Le message du peuple algérien est clair. Cela fait plus de 23 vendredis consécutifs qu'il réitère ses revendications dans la rue", nous a déclaré un professeur universitaire, membre actif au sein de la section CNES de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. Plaidant pour la mise en place d'une instance indépendante devant gérer une période de transition qui sera couronnée par l'élection d'une assemblée constituante, les membres de la communauté universitaire de Béjaïa exigent "la libération immédiate et inconditionnelle de l'ensemble des détenus politiques et d'opinion". Une revendication qu'ils ont réitérée à l'unisson devant le portail principal du palais de justice de la ville des Hammadites, où ils ont tenu un rassemblement de protestation à l'issue de leur démonstration de rue. KAMAL OUHNIA