Des milliers de citoyennes et de citoyens de la daïra d'Ifri Ouzellaguen, dans la wilaya de Béjaïa, ont, une nouvelle fois, battu le pavé hier, pour réitérer leurs principales revendications, à savoir "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques et d'opinion" et "l'arrêt de toutes les procédures et poursuites judiciaires engagées à l'encontre de ces derniers". C'est la troisième marche pacifique organisée dans la ville d'Ighzer Amokrane, depuis le mois de juin dernier, à l'initiative du collectif citoyen d'Ouzellaguen, qui exhorte la population locale à se mobiliser en faveur de la libération des prisonniers d'opinion, dont les deux jeunes natifs de la même commune historique. Il s'agit de Tahar Oudihat et de Yazid Kasmi, qui sont toujours incarcérés à la prison d'El-Harrach, après avoir été arrêtés à Alger, lors des manifestations du vendredi. "Libérez Tahar, Libérez Yazid", "Libérez les détenus", "Libérez la justice", ont scandé à tue-tête les manifestants tout au long de leur itinéraire, qui a démarré du marché hebdomadaire communal jusqu'à la placette jouxtant le carré des martyrs du Printemps noir, en faisant un crochet au niveau du carrefour du quartier Oumoussa. Brandissant les portraits des deux jeunes détenus, mais aussi l'emblème national et le drapeau amazigh, les marcheurs ont également repris, sous un soleil de plomb, les principaux slogans du mouvement populaire né de l'insurrection du 22 février 2019. "Y en a marre de ce pouvoir", "Mazalagh d-Imazighen", "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac", "Amenâach, amenâach, Gaïd Salah fi El-Harrach", "Gaïd Salah dégage", "Système dégage", "Dawla madania, machi âaskaria", "Djazaïr houra démocratia"… sont autant de slogans mis en avant lors de cette démonstration de force. La procession humaine entonnera en chœur, en outre, la célèbre chanson du groupe Ideflawen intitulée Berrouaghia, dédiée aux prisonniers du Mouvement culturel berbère d'avril 1980. Arrivée à hauteur du carré des martyrs du Printemps noir de Kabylie, sis dans l'enceinte du siège de la mairie d'Ouzellaguen, la foule a tenu à marquer une halte pour observer une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la démocratie. La marche populaire sera couronnée par un rassemblement suivi d'une prise de parole devant l'arrêt de bus desservant le chef-lieu de wilaya de Béjaïa. "M. Gaïd Salah, vous ne parviendrez jamais à nous diviser, ni à nous priver de notre liberté et de nos droits culturels, linguistiques et autres. Tous les Algériens sont unis et fiers d'être des Amazighs. Nos enfants innocents que vous avez mis en prison pour avoir brandi l'étendard symbolisant leur identité millénaire sont les dignes héritiers de nos héros de la Révolution algérienne (1954-1962). Nous les avons élevés avec la galette et l'huile d'olive et non pas avec du cacher et du whisky !", a lancé à gorge déployée une brave femme ayant pris part à cette manifestation de rue qui a vu, d'ailleurs, la présence massive de la gent féminine.