Des parents et des proches des manifestants, arrêtés à Alger, brandissaient au milieu de la foule les portraits de leurs enfants ou frères incarcérés, ainsi que des pancartes réclamant leur libération immédiate. La mobilisation pour la libération des détenus du mouvement populaire se poursuit à un rythme régulier que ce soit dans les grandes agglomérations où dans les localités dont sont natifs les détenus. En effet, des milliers de citoyens venus de plusieurs localités de la vallée de la Soummam ont pris part, hier, à la marche populaire organisée à Ouzellaguen, en signe de solidarité avec l'ensemble des détenus politiques et d'opinion. C'est la deuxième manifestation de rue initiée en l'espace de deux semaines par le collectif citoyen de la daïra d'Ifri Ouzellaguen, après la marche organisée dans la même ville d'Ighzer-Amokrane, lundi 24 juin. Tout comme la première action similaire, la marche d'hier, lundi 8 juillet 2019, a été ponctuée d'une grève générale, observée de 8h à midi, par l'ensemble des commerçants, les administrations et les entreprises de la localité. Le coup d'envoi de la manifestation d'hier a été donné par les organisateurs vers 10h30, depuis la placette de l'ex-Souk el-fellah, jouxtant le marché hebdomadaire de fruits et légumes de la commune historique d'Ouzellaguen. En tête de la marche, un véhicule utilitaire paré de l'emblème national et du drapeau amazigh avance lentement. À son bord, des jeunes animateurs du mouvement populaire se relayent au micro pour haranguer la foule, en scandant à tue-tête les slogans habituels hostiles au pouvoir, ainsi que les mots d'ordre de l'action du jour. Outre la "libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d'opinion" et "l'arrêt de toutes les procédures et poursuites judiciaires engagées contre les manifestants du mouvement populaire", les manifestants ont tenu à "dénoncer la campagne de dénigrement à l'égard des symboles de la Révolution algérienne 1954-1962". Allusion faite ici à l'incarcération du grand moudjahid Lakhdar Bouregâa, ancien commandant dans la Wilaya IV historique. "Libérez les détenus", "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac", "Tatcham tamurt ay-imakwaren" (vous avez pillé toutes les richesses du pays), "Système dégage !", "Anwa wigui ? d-Imazighen !"…, autant de slogans mis en avant par la procession humaine qui a eu à parcourir pas moins de deux kilomètres. Par ailleurs, les marcheurs s'en sont pris au chef d'état-major de l'armée, désigné comme premier responsable de la situation de crise que vit le pays. "Gaïd Salah criminel", "Amanâach, amanâach, Gaïd Salah fi El-Harrach", "Kebaïli, Arabi, khawa khawa, Gaïd mâa el-khawana", ont-ils scandé sous un soleil de plomb. Il faut souligner la présence massive de la gent féminine lors de cette démonstration de force. Des parents et des proches des deux manifestants originaires d'Ouzellaguen, arrêtés à Alger, brandissaient au milieu de la foule les portraits de leurs enfants ou frères incarcérés, ainsi que des pancartes réclamant leur libération "immédiate". Il s'agit, en effet, de Taher Oudihat, arrêté lors de la marche du 21 juin dernier à Alger pour avoir brandi le drapeau amazigh, et Yazid Kasmi interpellé le vendredi 5 juillet au boulevard Amirouche, près du commissariat central de la capitale. Les deux manifestants natifs d'Ouzellaguen ont été placés en détention provisoire à la prison d'El-Harrach. Si le premier est poursuivi pour "atteinte à l'unité nationale", le second est, quant à lui, écroué pour "outrage à corps constitués". À noter enfin que de nombreux militants politiques et acteurs sociaux, notamment des cadres et élus du RCD et du FFS, le coordinateur de wilaya du PT, Rachid Bedjaoui, Hocine Boumedjane de la Laddh de Béjaïa, Nadia Matoub, la veuve du Rebelle, l'activiste Yanis Adjlia se réclamant du mouvement des brassards rouges, ont pris part à la manifestation.