Après s'être attaqué aux importations de marchandises, le gouvernement s'est, enfin, décidé à regarder la balance des services. Selon un communiqué des services du Premier ministère, la réunion du gouvernement, qui s'est tenue mercredi dernier, a porté, également, sur les nouvelles mesures et procédures à prendre quant à la rationalisation des importations en services, dont la facture a atteint une moyenne annuelle de 11,42 milliards de dollars, qui impacte négativement la balance des paiements. "L'accent a été mis notamment sur les grands domaines de ce type d'importations consistant en le transport maritime (2,95 milliards de dollars en 2018), le BTP (2,65 milliards de dollars en 2018) et l'assistance technique (3,22 milliards de dollars en 2018)", précise le communiqué. À l'issue de la présentation, "le Premier ministre a mis en avant la volonté du gouvernement de réduire ces charges devenues un lourd fardeau pour le Trésor public en termes de devises, au moment où notre pays regorge de compétences humaines et de potentiel matériel pour s'acquitter de ces services dont la réalisation sera désormais assignée, en premier lieu, aux entreprises nationales publiques et privées". Ainsi, ajoute le communiqué, "il a été décidé la réorganisation de ces activités de manière à encourager la contribution des compétences nationales en la matière et à améliorer nos capacités en vue de mieux maîtriser ce domaine". Pour préserver les réserves de changes, afin de les exploiter de manière rationnelle, des mesures ont été annoncées. Il s'agit de l'exploitation des capacités nationales en matière de transport maritime de marchandises, lesquelles ont été renforcées ces dernières dix années par dix nouveaux navires actuellement inexploités, en leur accordant notamment la priorité pour la mise en œuvre de ces opérations d'importation financées par le Trésor public. Dans ce cadre, il a été décidé de charger le ministre des Transports de présenter un exposé sur l'exploitation optimale de cette flotte qui devrait être mobilisée pour assurer les opérations d'importation, notamment pour ce qui concerne les produits essentiels, à l'image du blé et du lait. Le ministre de l'Agriculture a été chargé de présenter un rapport lors de la prochaine réunion du gouvernement concernant les opérations d'importation de lait et de blé qui devraient être assurées exclusivement par la flotte nationale de transport maritime. En dépit de nombreuses restructurations et d'une aide financière répétitive, la compagnie publique battant pavillon national ne couvre, dans les meilleures années, que 10% du marché du transport des marchandises, laissant l'essentiel des affaires et des profits aux compagnies étrangères qui imposent leurs tarifs. L'Algérie paye un surcoût du fait de la disparition de sa flotte maritime. Certains experts soutiennent que, globalement, l'Algérie subit un surcoût d'une centaine de millions de dollars. Le Premier ministre a également chargé le ministre de l'Habitat d'accorder la priorité aux bureaux d'études nationaux et aux entreprises de réalisation nationales pour assurer le suivi et la réalisation des logements publics, tout en chargeant les autres secteurs d'adopter la même stratégie et de faire confiance aux compétences nationales et, notamment, les entreprises de jeunes. La Banque d'Algérie (BA), dans son dernier rapport sur les tendances monétaires et financières au second semestre de 2018, relève que le déficit structurel de la balance du poste "services, hors revenus des facteurs" a légèrement augmenté, passant de 8,011 milliards de dollars en 2017 à 8,150 milliards en 2018 (+1,7%), sous l'effet d'une augmentation des importations (+326 millions de dollars) à 11,454 milliards de dollars en 2018, en situation de hausse des exportations de services (+187 millions de dollars). La BA rappelle qu'"au cours des 9 dernières années, les importations de services ont fluctué entre un bas de 10,776 milliards de dollars (2013) et un haut de 11,696 milliards (2014)".