Une dizaine d'opérateurs algériens privés ont déposé des demandes au niveau du ministère des Travaux publics et des Transports (MTPT) pour investir dans le fret maritime, après la décision du gouvernement d'ouvrir cette activité à l'investissement privé, a indiqué hier un haut responsable. «Nous avons enregistré une dizaine d'opérateurs privés qui ont déposé leurs dossiers au niveau du ministère», a dit le Directeur des Transports maritimes et des Ports au niveau du MTPT, Abdelkrim Rezal, lors d'une journée d'information sur la logistique en Algérie, organisée par le FCE (Forum des chefs d'entreprises). Le responsable n'a pas avancé plus de détails sur ce sujet. A rappeler qu'afin d'encourager les exportations hors hydrocarbures, le gouvernement a décidé d'ouvrir, aux opérateurs économiques privés nationaux, l'activité du fret aérien et maritime. Cette décision, annoncée en octobre 2017 par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, s'inscrit pleinement dans le cadre de la nouvelle orientation économique nationale. Elle concerne en premier lieu le transport de marchandises. Du fait de la régression de la flotte maritime nationale, seulement 3% des marchandises algériennes sont actuellement transportées par le pavillon national, le reste étant transporté par des armateurs étrangers, selon le président de la commission Transport et logistique au sein du FCE, Abdallah Seriai. «L'Etat n'a pas le moyen de prendre en charge toutes les activités et surtout les activités commerciales. Le transport maritime a été confié à des compagnies installées à l'étranger avec tout ce que cela induit comme transferts de devises», a souligné le président de l'Anexal, Ali Bey Nasri, lors de cette rencontre. Les transferts de devises effectués par ces armateurs étrangers coûtent à l'Etat entre 4 à 5 milliards (mds) de dollars annuellement, soit 20% plus cher que ce qu'aurait coûté un fret assuré par des opérateurs locaux, a indiqué le président de l'Association des exportateurs algériens. L'ouverture de cette activité aux nationaux «va créer des postes d'emploi et réduire les coûts du transport des marchandises puisque les charges seront payées en dinars». Il a plaidé dans ce contexte pour la création d'un Conseil des chargeurs, un espace regroupant le ministère des Transports, les entreprises, les transitaires en douanes, le port et les services de sécurité et où les entreprises (les chargeurs) défendent leurs intérêts. Par exemple, «si les compagnies maritimes, qui facturent comme elles veulent actuellement, s'entendent pour augmenter les prix, qui va alors défendre les intérêts des entreprises ?» s'interroge-t-il pour démontrer l'intérêt d'un tel Conseil. D'autre part, le Conseiller au MTPT, Mohamed Mahieddine, a indiqué que le ministère vient de lancer un appel d'offres pour la réalisation de la ligne minière EST (Annaba /Djebel-Onk à Tébessa) sur 388 km ainsi que pour l'exploitation de la mine de phosphate dans la même zone, deux projet inclus dans le texte de loi de finances complémentaire de 2018. 140 milliards de dollars alloués au secteur en dix ans Soulignant l'intérêt que porte le gouvernement au développement du secteur de la logistique, il a avancé que le budget alloué au secteur du transport et des travaux publics a été de 135 milliards de dollars (mds US) durant la dernière décennie, un montant qui augmente à 140 mds usd en y intégrant les projets de la ligne minière et de l'usine de phosphate, inclus dans le PLFC 2018. Sur les 20 dernières années, l'Etat a investi, en moyenne,7 mds US/an dans ce secteur, a-t-il ajouté. La création d'une association nationale de la logistique, regroupant l'ensemble des opérateurs concernés, a été annoncée à cette occasion.