La colère contre la guerre en Irak gronde aux Etats-Unis au fur et à mesure que sont rapatriés les corps de militaires américains tués en Irak. Cleveland, dans l'Etat de l'Ohio (nord-est des Etats-Unis) a enterré quatorze de ses enfants engagés dans les marines, dans un climat très tendu malgré les appels des autorités civiles et religieuses à soutenir les soldats engagés en Irak, quelles que soit l'opinion sur l'Administration Bush et sur la guerre. Le sentiment patriotique n'est plus le même dans cette région réputée acquise aux thèses de la Maison-Blanche. Les personnes présentes aux cérémonies d'enterrement ne masquent même plus leurs inquiétudes sur ce qui arrive en Irak, s'interrogeant sur la finalité de cette guerre sur laquelle plane le spectre de la débâcle américaine au Viêt-nam. Les électeurs de l'Ohio, qui offert leurs voix à Bush, lui permettant de remporter la présidentielle de 2004, désapprouvent la guerre et risquent même de lui tourner le dos à mesure que s'alourdissent les bilans humains. L'Ohio est en train de devenir l'un des Etats ayant payé le plus lourd tribut à la guerre en Irak, aux côtés de la Californie et du Texas, deux autres viviers des pros Bush. Depuis le début du printemps, la compagnie Lima, du 25e régiment de marines, a perdu 20 hommes, tous des réservistes de l'Ohio. La grogne a gagné le camp républicain, le propre camp de Bush, y compris le Congrès où les sénateurs ne ratent plus l'occasion pour mettre sur le gril l'Administration. Ce n'est pas encore le divorce mais pour nommer le représentant des Etats-Unis aux nations unies, Bush s'est vu contraint de recourir à une ordonnance, le Congrès ayant rejeté son candidat, un ultralibéral de surcroît farouche adversaire du multilatéralisme. Une quarantaine de soldats américains sont morts en Irak au cours des dix derniers jours dans des attaques d'insurgés, parmi les plus violentes depuis l'invasion de mars 2003. Depuis le début de la guerre, 1 813 soldats sont morts, selon un décompte basé sur les chiffres du Pentagone. R. I.