Le comité représentatif de la minorité arabe d'Israël devait se réunir hier à Nazareth pour arrêter ses prochaines actions au surlendemain de l'attentat sanglant anti-arabe de Shfaram. Ces Palestiniens, qui avaient choisi de rester en Israël, sont, apparemment, décidés de passer à la contre-offensive pour peser dans l'échiquier, refusant d'être considérés comme une quantité négligeable et un faire-valoir pour la démocratie dont s'enorgueillissent les Israéliens. Pour commencer, les Arabes israéliens exigent des autorités une enquête approfondie, des mesures visant à neutraliser les milieux extrémistes juifs et une enquête sur le phénomène du racisme anti-arabe. La minorité arabe compte quelque 1,2 million de personnes (19% de la population totale). Ils sont les descendants de 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'Etat juif en 1948. Israéliens de nationalité mais Palestiniens de cœur, ils sont les mal-aimés de la société israélienne, souffrant de discriminations qu'ils ne cessent de dénoncer. Deux responsables travaillistes, le vice-Premier ministre israélien, Shimon Peres et le ministre de l'Intérieur, Ophir Pines, s'étaient rendus à Shfaram pour présenter leurs condoléances au maire et aux familles des victimes. C'est dire combien la tension est vive au sein des Arabes israéliens où la jeunesse n'est plus dans les mêmes disponibilités que ses aînés à l'égard du pouvoir israélien. Péres, qui piaffe d'impatience pour succéder à Sharon, lorgne sur l'électorat arabe. Il a promis de soulever aujourd'hui lors de la réunion du cabinet israélien la question des mesures à prendre contre les milieux juifs d'extrême droite. La droite n'est pas en reste, un membre influent du Likoud de Sharon devait indiquer, pour sa part, qu'il demanderait la réunion la semaine prochaine de la sous-commission du Parlement chargée des services secrets pour faire la lumière sur les circonstances qui ont conduit à l'attentat de Shfaram. Le soldat déserteur d'extrême droite, Eden Nathan Zada, opposé au retrait ia bande de Gaza, a ouvert le feu jeudi à l'arme automatique dans un autobus assurant la liaison entre Haïfa et Shfaram , tuant quatre Arabes israéliens avant d'être lynché par une foule en colère. D. B.