Plusieurs groupes rebelles, réunis au cours de cette semaine, ont averti contre le non-respect de la représentation de tous les Soudanais dans le futur gouvernement. La nouvelle équipe dirigeante du Soudan devrait être dévoilée aujourd'hui. Prévue dans un premier temps pour mercredi dernier, l'annonce du gouvernement de transition a été retardée en raison du temps limité (24 heures) laissé au Premier ministre Abdallah Hamdok pour choisir ses 14 ministres parmi 49 noms proposés par les Forces pour la liberté et le changement. Toutefois, selon Mohammed Dia-eddine, un responsable de l'opposition cité par des médias, l'enquête des services de sécurité concernant "l'habilitation" des nouveaux ministres a été la raison principale du retard de l'annonce du premier gouvernement civil au Soudan depuis 30 ans. Le choix des personnalités devant conduire la transition devrait s'opérer en fonction des compétences de chacun, avec une représentation "juste" pour les femmes, avait déclaré le Premier ministre la semaine dernière. "L'idée est de composer un cabinet qui soit représentatif de tous les Soudanais", a-t-il encore fait savoir. Mais rien ne dit que la tâche sera aisée pour Abdellah Hamdok. Et pour cause, plusieurs personnalités ont déjà exprimé leurs doutes quant au respect d'une représentation à même de satisfaire toutes les factions au Soudan. Le Front révolutionnaire, qui représente trois anciens mouvements rebelles, a déjà critiqué le fait de laisser les régions longtemps marginalisées sans représentation au gouvernement. Les trois mouvements rebelles ont dénoncé un "déséquilibre géographique" tout en appelant à la sagesse du Premier ministre pour corriger le tir. D'autres comme Minni Minnawi, le président du Mouvement de libération du Soudan, ont choisi la contestation musclée. Ce dernier a rassemblé ses forces près de la frontière tchado-libyenne au nord du Darfour. La semaine dernière, des médias locaux ont constaté sur place un véritable défilé militaire avec des armes lourdes. Le président du Mouvement de libération du Soudan a accusé les Forces pour la liberté et le changement d'avoir confisqué la révolution. "La liberté ne se réalisera qu'avec davantage de lutte", a prévenu Minni Minnawi. Depuis la signature, le 17 août dernier, de l'accord historique de transition entre l'opposition et les généraux au pouvoir, plusieurs groupes armés ont exprimé leur rejet de l'accord. Un front commun entre les différentes factions serait même en train d'être mis en place en vue d'engager des négociations avec les nouvelles autorités. Des groupes armés s'étaient retrouvés cette semaine à Juba, au Soudan du Sud, afin de discuter des processus de paix dans les Etats du Darfour, du Kordofan et du Nil-Bleu au sud du pays. Un point qu'elles considèrent primordial, et qui devrait selon elles précéder tout processus transitionnel. Mohammed Zakaria, porte-parole du Front révolutionnaire soudanais, qui rassemble plusieurs factions présentes à ces discussions, a déclaré aux médias que "c'est le moment d'engager le dialogue avec les autorités de la transition pour sortir définitivement des crises au Soudan". Ce dernier a précisé en outre que les sujets liés aux problèmes au Darfour et au partage des richesses doivent être mis sur la table des négociations. "Tous les Soudanais ont participé à la révolution, et tous les Soudanais devraient participer de manière égale à la construction du futur du Soudan", a-t-il soutenu.