Le colonel Ely Ould Mohamed Vall, nouvel homme fort de la Mauritanie, a assuré aux dirigeants politiques du pays que les 17 militaires qui ont organisé le coup d'Etat contre le président Ould Taya ne seront pas candidats aux élections promises dans les deux prochaines années. Vall a défendu sa thèse d'une action de salubrité nationale devant les dirigeants d'une trentaine de partis mauritaniens, dans la capitale Nouakchott. Vall leur a promis que des élections libres seraient organisées après une période de transition de deux ans, au maximum. Contrairement aux précédents lendemains de coups d'Etat, les nouveaux dirigeants du pays n'ont instauré ni couvre-feu ni postes de contrôle d'identité. La capitale mauritanienne est calme, au lendemain du coup d'Etat réussi par des militaires et ses habitants ont, tout de suite, repris leurs activités. Il faut dire que le putsch s'est déroulé en douceur et que le dispositif de sécurité est plutôt discret. L'aéroport de Nouakchott a été rouvert au trafic, après une fermeture qui a duré quelques heures. Les administrations, fermées, ont également rouvert et la capitale n'a pas eu à subir les allées et venues de véhicules équipés de mitrailleuses et de soldats en armes. Dans le reste du pays, la situation est également normale. Tout s'est passé comme si le coup d'Etat était le bienvenu. Par ailleurs, dès l'annonce de la destitution du président Ould Taya, des cortèges de voitures devaient sillonner les villes mauritaniennes pour manifester leur satisfaction. L'UE a condamné le coup de force et les Etats-Unis exigent le retour de l'ex-président, mais, apparemment, Vall est crédité d'un large soutien de la population. Pragmatique, le nouvel homme, selon ses engagements, devrait assainir le pays et le préparer à un pouvoir, duquel il s'est exclu, et qui sera établi aux termes d'élections démocratiques. Faut-il le croire ? Les partis de l'opposition mauritanienne pensent, eux, que les propos de Vall ne sont pas démagogiques et s'apprêtent à y concourir. Pour rappel, le coup d'Etat a été perpétré la semaine dernière par des militaires, des membres de la garde présidentielle, qui ont profité de l'absence du président Ould Taya, en déplacement à Riyad pour les obsèques du roi Fahd. Ould Taya, lui-même arrivé au pouvoir grâce à un coup de force en 1984, est en exil au Niger. D. B.