L'Union européenne s'était engagée à mettre en place un mécanisme spécial pour contourner les sanctions américaines contre Téhéran. Mais aucune mesure concrète n'a pu être exécutée jusqu'à ce jour. Le président iranien Hassan Rohani a donné mercredi soir son feu vert pour enclencher, depuis hier, la troisième phase du plan de réduction des engagements de l'Iran prévus par l'accord international sur son programme nucléaire conclu à Vienne en 2015, dans un nouveau coup de pression aux Européens qui tentent de sauver ce texte. "Les mesures décidées par l'Iran seront dans le cadre des obligations de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA). Bien entendu, l'Europe (partenaire de l'Iran dans l'accord multilatéral nucléaire) a devant elle un nouveau délai de 60 jours. Dès qu'ils rempliront leurs engagements, nous reviendront nous-aussi à nos obligations", a affirmé Hassan Rohani, lors d'une réunion au sommet de l'Etat, a rapporté la presse iranienne. Alors que Téhéran a affirmé donner des détails sur cette phase aujourd'hui, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangère, Abbas Moussavi, a déjà livré le contenu des grandes lignes de cette décision, au moment où la France joue le médiateur avec l'Iran. "En raison des conséquences du retrait américain du Plan global d'action commun sur le nucléaire iranien (PGAC) et de la réimposition des sanctions à l'Iran, ainsi que de l'incapacité des trois pays européens (France, Allemagne et Grande-Bretagne) à remplir leurs obligations réciproques envers Téhéran relatives à l'Accord et aux Déclarations publiées par la Commission mixte (à l'issue du retrait US), la République islamique d'Iran suspendra, à partir d'aujourd'hui (jeudi 5 septembre 2019) tous ses engagements vis-à-vis du PGAC dans le domaine de la recherche et du développement nucléaires", a déclaré Seyyed Abbas Moussavi, citant le contenu de la lettre adressée jeudi par le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Jawad Zarif, à son homologue européenne, Federica Mogherini, lit-on sur l'agence de presse iranienne Irna. "La lettre insiste sur le fait que cette mesure était en stricte conformité avec les droits de l'Iran liés au PGAC, et en particulier avec son article 36, et en réponse aux vastes et perpétuelles violations de l'Accord multilatéral de 2015 au cours des 16 derniers mois", a-t-il expliqué, précisant que "les détails techniques et opérationnels des engagements de l'Iran en matière de recherche et de développement dans le nucléaire seront par la suite communiqués à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)". Réagissant à la décision iranienne, la Commission européenne a évoqué hier le "rôle clé" de l'AIEA dans ce dossier explosif, affirmant noter "avec grande préoccupation cette annonce faite par l'Iran dans sa lettre". L'Union européenne s'était engagée à mettre en place un mécanisme spécial pour contourner les sanctions américaines contre Téhéran, mais aucune mesure concrète n'a pu être exécutée jusqu'à ce jour. Lyès Menacer