Les producteurs font face désormais à un cruel dilemme : jouer à nouveau la carte d'une nouvelle baisse de l'offre aggraverait leurs pertes et ne pas réduire à nouveau la production conduirait à une rechute des cours. Le comité de monitoring conjoint Opep - non-Opep, chargé de contrôler l'application des accords de limitation de la production, se réunira jeudi aux Emirats arabes unis. Les producteurs fédérés par l'accord de réduction de la production, conclu en décembre 2018 et reconduit en juillet 2019, font face désormais à un cruel dilemme : jouer à nouveau la carte d'une nouvelle baisse de l'offre aggraverait leurs pertes et ne pas réduire à nouveau la production conduirait à une rechute des cours, fortement pénalisés par une demande mondiale léthargique, par les tensions commerciales ainsi que par une production américaine qui carbure à plein régime. Quoi qu'il en soit, les producteurs siégeant dans le comité de suivi des accords Opep - non-Opep devraient examiner, ce jeudi, l'éventualité d'une nouvelle baisse de la production pour faire face aux risques d'une nouvelle surabondance de l'offre et d'une hausse des stocks mondiaux. En dépit d'une baisse constante de la production et de l'offre en provenance d'Iran et du Venezuela, combinée à la baisse volontaire de l'offre saoudienne, les cours culminent à peine au-dessus de 60 dollars le baril de Brent, affectés essentiellement par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Le baril de Brent a clôturé la semaine à 61,54 dollars, contre plus de 75 dollars à la même période l'an passé et après avoir chuté autour de 50 dollars fin décembre 2018. Il est peu probable qu'une nouvelle baisse de la production ait des conséquences sur la courbe des prix à l'heure où le différend commercial opposant les Etats-Unis à la Chine ne fait que s'aggraver, estiment les analystes du marché. Lors d'une conférence de presse tenue hier à Abou Dhabi, le ministre émirati de l'Energie et de l'Industrie, Souheil al-Mazrouei, a reconnu l'effet de ces tensions sur le marché du pétrole. "Mais je ne suggérerais pas de nous lancer dans des coupes (de la production) à chaque fois qu'il y a un problème de tensions commerciales", a-t-il déclaré, ajoutant que l'Opep+ ferait "le nécessaire" pour rééquilibrer le marché. En tout cas, si nouvelle baisse de la production il y a, elle ne pourra intervenir avant décembre, étant donné que le comité de monitoring conjoint Opep - non-Opep n'est pas habilité à prendre des décisions, mais recommande des mesures aux 24 pays de l'Opep+ qui doivent se réunir à Vienne en décembre. Les discussions de l'OPEP+ interviennent, néanmoins, à un moment où l'offre n'est pas excessivement élevée, en raison de la baisse de la production de l'Iran et du Venezuela et du ralentissement de la croissance de la production américaine. En effet, l'offre de l'Opep connaît ses pires moments avec, au tableau, un plus bas niveau en 15 ans, alors que la production américaine marque le pas depuis quelques semaines, bien qu'elle reste à un niveau record, soit sur une moyenne de 12,3 millions de barils par jour. L'autre dilemme auquel font face les producteurs de l'Opep est celui de répartir l'effort de baisse, si une nouvelle coupe venait à s'imposer au groupe. Certains analystes estiment que l'Opep devrait réduire encore sa production d'un million de barils/jour pour pouvoir stabiliser le marché.