Un grand nombre de nouveaux bacheliers, affectés dans des filières qui ne les agréent pas, ont submergé hier le bureau de recours implanté à la faculté de Bouzaréah. Samedi déjà, pas moins de 1 000 recours sont introduits. Jusqu'à 11 heures, hier, au moins 70 dossiers sont traités, affirme M. Hamadache, responsable du bureau. L'opération prendra fin le 14 août. Du côté des nouveaux étudiants c'est l'insatisfaction. Voulant à tout prix poursuivre une formation autre que la sociologie, un étudiant en kamis lâche : “Je suis un scientifique et j'ai obtenu un 12 en maths. Alors que mon vœu est de faire une licence en économie de gestion, on m'a orienté vers la sociologie. C'est aberrant.” Il se trouve que sa moyenne est nettement en deçà de celle requise pour faire une licence en économie. Bien plus, il s'est avéré que la sociologie figure parmi ses choix. Un autre étudiant ayant un bac en comptabilité avec une moyenne de 10,48 n'a été orienté dans aucune filière alors que sa moyenne lui permet d'obtenir son 9e choix, la sociologie. “On m'a dit que tu n'a pas le droit de faire un recours”, s'est-il plaint à M. Bencheikh. Ce dernier l'a réconforté en lui assurant qu'il pouvait introduire un recours. Ayant une moyenne ne lui permettant pas d'obtenir les premiers choix, il est orienté vers la sociologie qui est son 9e choix. Finalement, il veut poursuivre une tout autre filière à savoir TS en commerce international. Son erreur à lui est d'avoir opté, dans sa fiche de vœux pour des filières pour lesquelles il n'ouvre pas droit. Une jeune fille en hidjab ne comprend pas comment sa sœur ayant une moyenne de 12,59 ne peut pas faire médecine. Le préposé au guichet lui a expliqué qu'il faut avoir une moyenne de 13,10 pour prétendre à cette discipline très prisée, et que la moyenne obtenue ne lui permet d'avoir que le 6e choix, à savoir l'agronomie. On lui a tout de même conseillé de revenir samedi dans le cas où il y aurait disponibilité de place en médecine. Accompagnée de sa mère enseignante en psychologie, une férue des langues ayant son bac lettres avec une moyenne de 11,65, affectée en psychologie, son troisième choix, veut savoir s'il lui est possible de faire un recours pour être réorientée dans la filière de son choix : l'interprétariat ou l'anglais. Ses notes ne lui permettant pas, elle est tiraillée entre une licence en langue française ou en psychologie. Contrarié par son affectation dans une filière ne se trouvant qu'à Médéa, un bachelier en BTP a fait des pieds et des mains pour qu'il soit réorienté vers le génie civil à Bab-Ezzouar. “Je préfère rester chez moi ou travailler comme maçon que d'aller à Médéa”, s'est-il emporté. Un autre insatisfait, un scientifique ayant un 12 en maths, a juré de rester chez lui plutôt que de faire une licence en histoire ou en philosophie. Comme lui une autre étudiante, une scientifique elle aussi, a préféré rester chez elle plutôt que de poursuivre une formation dans la filière qui lui est donnée. Pas du tout chaud de devenir technicien supérieur en informatique de gestion, son 2e choix sur sa fiche de vœux, un bachelier en lettres ayant une moyenne générale de 11,55 et un 19,5 en maths s'est enquis des possibilités d'être réorienté en sciences de gestion. Il avoue s'être trompé dans son choix croyant que l'informatique de gestion est un cycle long. Un agent de bureau lui a conseillé de revenir samedi. “Il remplit les conditions et mérite bien qu'on se casse la tête pour lui”, affirme-t-il. Expliquant ce grand nombre de recours, un agent explique : “Beaucoup de bacheliers ne prennent pas la peine de lire attentivement les documents qui leur sont remis. Parfois ce sont les autres qui remplissent à leur place leur fiche de vœux. En outre, victimes de la culture de la rue, ils pensent aussi qu'il suffit de connaître quelqu'un pour pouvoir changer de filière. Certes, il y a des cas d'erreurs, mais ils sont minimes.” A. C.