Lors de son discours prononcé depuis la 4e Région militaire, à Ouargla, le 2 septembre dernier, le chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, avait suggéré à l'autorité politique la convocation du corps électoral pour aujourd'hui 15 septembre. Son objectif étant d'imposer une élection présidentielle dans les "délais fixés par la loi", et ce, malgré le fait que cette élection soit massivement rejetée par le peuple. "Nous considérons qu'il est opportun de convoquer le corps électoral le 15 du mois de septembre courant et que l'élection présidentielle puisse se tenir dans les délais fixés par la loi", avait-il en effet déclaré, tout en insistant sur la nécessité d'installer "rapidement une instance nationale indépendante pour la préparation, l'organisation et la surveillance des élections, qui supervisera toutes les étapes du processus électoral". Il avait, en outre, suggéré "la révision de quelques textes de la loi électorale pour s'adapter aux exigences de la situation actuelle, et non pas une révision totale et profonde qui toucherait tous les textes, tel que revendiqué par certains, ce qui prendrait beaucoup de temps". Joindrait-il l'acte à la parole ? Au vu de l'accélération des événements au niveau de l'Assemblée nationale (APN), à travers la présentation par le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, du projet de loi organique relatif à l'Autorité nationale indépendante d'organisation des élections et du projet de loi organique relatif au régime électoral, l'ordre donné par Gaïd Salah est d'ores et déjà mis à exécution. La procédure de la convocation du corps électoral devra, ainsi, suivre sans grande surprise. Reste seulement à savoir si elle sera faite à la date d'aujourd'hui, comme souhaité par le chef d'état-major, ou à une date ultérieure. Aussi, à se fier à ses derniers actes, notamment la mise à exécution de ses menaces, contenues dans ses discours successifs, de réprimer tout réfractaire à sa feuille de route, le moins que l'on puisse dire est que la question de la convocation du corps électoral est déjà quasiment tranchée. Ainsi, et à moins d'un revirement de dernière minute, il est difficile de voir Gaïd Salah revenir sur sa décision de hâter la convocation du corps électoral, lui qui ne cesse de ressasser dans ses discours l'urgence de la tenue d'un scrutin présidentiel dans "les plus brefs délais". Toujours est-il, même s'il le décide, le pari de la tenue de l'élection présidentielle restera loin d'être gagné tant que le peuple continue à exprimer son rejet catégorique d'une élection organisée par le même pouvoir. À ce titre, la réponse du peuple était pour le moins éloquente à l'occasion du 30e vendredi de manifestations massives ayant eu lieu à travers tout le pays. "Pas d'élection avec la bande (au pouvoir)", tel est, en effet, l'un des slogans phare réitérés par les centaines de milliers de citoyens ayant battu le pavé. Dans sa démarche d'imposer sa feuille de route, le chef d'état-major n'a, par ailleurs, pas trouvé mieux que de réprimer les opposants à sa démarche. Mais cette attitude l'a rendu encore plus impopulaire. Ce qui pourrait, logiquement, compromettre sa feuille de route. Farid Abdeladim