L'Iran a repris, hier, des activités nucléaires ultrasensibles dans son usine de conversion d'uranium d'Ispahan, au risque d'une crise internationale. Téhéran exécute sa menace dans une atmosphère de vive excitation. des techniciens revêtus de tenues de protection ont scié le couvercle d'un premier baril de poudre d'uranium devant être ensuite déversé dans des convertisseurs dans le complexe nucléaire d'Ispahan dans le centre de l'Iran, qui a repris la conversion d'uranium sous le contrôle de l'AIEA (agence internationale de l'énergie atomique), devait annoncer sur place le vice-président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Mohammad Saïdi, devant un parterre de journalistes. Le complexe d'Ispahan est un maillon essentiel du programme nucléaire de l'Iran, soupçonné de dissimuler un plan pour se doter de la bombe atomique par les Etats-Unis qu'ont rejoint une partie de la communauté internationale. L'usine transforme du yellowcake, poudre de minerai d'uranium concentré extrait des mines du désert iranien, en tétrafluorure puis en hexafluorure d'uranium (UF4 et UF6) qui doivent ensuite être introduits dans des centrifugeuses pour produire de l'uranium enrichi. Il s'agit là d'un cycle qui fournit le combustible nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaire civiles, mais qui peut être détourné pour fabriquer l'arme atomique. Ces activités avaient été suspendues en novembre pour permettre des négociations avec les Européens, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France. Malgré la menace d'être traîné devant le Conseil de sécurité de l'Onu, l'Iran a mis devant le fait accompli le Conseil des gouverneurs l'organe exécutif de l'AIEA, qui doit se réunir en urgence à Vienne aujourd'hui. La décision est irréversible, n'ont cessé de déclarer les autorités iraniennes, à commencer par le nouveau président qui, lors de sa prise de fonction, a clairement indiqué que son pays ne va pas arrêter l'aventure nucléaire et que la maîtrise de cet énergie est un acte de souveraineté. L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, qui ont essayé depuis décembre de convaincre l'Iran de renoncer à la conversion et à l'enrichissement de l'uranium, ont fini par rejoindre la position américaine et a suspecté cette république islamique de chercher à se doter de la bombe atomique. L'Iran a rejeté comme inacceptables des propositions de coopération nucléaire, commerciale et politique soumise par les européens en contrepartie d'un tel renoncement. Les Européens ont prévenu les Iraniens que les négociations seraient rompues s'ils recommençaient à convertir et qu'ils soutiendraient un recours au Conseil de sécurité. Le bras de fer est engagé. Sur le plan politique, le redémarrage du complexe nucléaire, pourtant scellé par l'AIEA, coïncide avec une offre de coopération tout azimut à Damas par Téhéran. Une autre provocation pour Bush qui s'est toujours demandé s'il ne valait pas mieux réserver à l'Iran un sort identique à celui imposé à l'Irak. Mais, l'Iran n'est pas l'Irak de Saddam. D. Bouatta