Arrivés devant le centre culturel de la rue Larbi-Ben M'hidi, les marcheurs ont marqué une halte pour dénoncer Karim Younès et le panel. Malgré les vacances universitaires et la chaleur suffocante, la contestation des étudiants ne faiblit pas. Hier, ils étaient dans la rue pour la 26e semaine consécutive pour exiger le changement du système et l'instauration d'un Etat démocratique. Certes, ils étaient moins nombreux, mais la détermination était toujours présente. "Beaucoup d'étudiants sont partis chez eux. Les cités universitaires sont vides. Mais cela n'empêche pas ceux qu'ils le peuvent de venir à la marche", nous explique un étudiant de l'université de Bouzaréah. C'est à partir de 10h que des centaines d'étudiants se sont rassemblés à la place des Martyrs, point de départ de la marche. Scandant les slogans habituels hostiles au pouvoir en place et réclamant une transition démocratique "Algérie libre et démocratique", "Etat civil et non militaire", ou encore "Le peuple veut l'indépendance", les étudiants ont vite été rejoints par de nombreux citoyens, notamment des personnes âgées. À signaler également la présence de l'inépuisable Benyoucef Mellouk qui ne rate aucune marche à Alger. Avant le coup d'envoi de la marche vers le centre de la capitale, les étudiants ont observé une minute de silence en hommage, a-t-on expliqué sur place, à l'enfant mort dimanche dernier dans les embouteillages, à cause des barrages dressés par la Gendarmerie nationale, afin d'empêcher les retraités de l'armée d'organiser une marche à Alger. La marche a démarré de la rue Bab Azzoun en scandant des slogans appelant à la libération des détenus d'opinion, notamment le moudjahid Lakhdar Bouregâa : "Libérez Bouregâa !" Ils ont également crié : "Y'en a marre des généraux", "Ya hna ya ntouma, ma ranach habssine" (C'est soit nous, soit vous, nous ne nous arrêterons pas), ou encore "Pas d'élection avec la bande". À mesure que la procession avançait, les rangs grossissaient. Les citoyens massés sur les trottoirs n'ont pu résister à l'appel des marcheurs qui scandaient : "Vous qui êtes debout, vous êtes aussi concernés !" À la rue Boumendjel, les marcheurs se sont donné le mot pour observer le silence devant un immeuble où il y avait un décès. Arrivés devant le centre culturel de la rue Larbi-Ben M'hidi où le panel a élu domicile, les marcheurs ont marqué une halte pour dénoncer Karim Younès et ses compagnons. "Karim Younès à la poubelle", "Pas d'élection avec la bande" et "Quelle honte ! C'est la bande qui organise les élections". En ce 20 Août, date anniversaire du Congrès de la Soummam, les marcheurs étaient en phase avec le principe de la primauté du civil sur le militaire. Le slogan le plus repris était "Etat civil et non militaire". La marche s'est poursuivie vers l'avenue Pasteur puis vers Tafourah pour ensuite entamer le boulevard Amirouche, où ils ont repris les mêmes slogans. Une halte a été observée devant le siège de l'Unea où les étudiants ont scandé : "Les syndicats à la poubelle !" Infatigables, les étudiants, rejoints par beaucoup de citoyens, ont continué leur parcours vers la rue Didouche-Mourad où un dispositif policier renforcé les attendait à la place Audin. À ce moment-là, une ambulance de la Protection civile a dévalé la rue Didouche-Mourad, les marcheurs, d'un geste instinctif, lui ont ouvert le chemin. Ce qui a donné lieu au slogan, déjà scandé lors des marches du vendredi, "Chaâb mrabi ou dawla khayna" (Peuple éduqué, gouvernement traître). La marche a pris fin avenue El-Khettabi où les marcheurs ont organisé un rassemblement. Cette 26e marche des étudiants a confirmé, encore une fois, la mobilisation des étudiants et leur rejet de la tenue de l'élection présidentielle dans une conjoncture toujours confuse et avec un gouvernement rejeté par la majorité des Algériens.