Bien qu'il ne soit pas d'accord avec l'initiative de l'Instance de dialogue et de médiation menée par Karim Younès, le leader de Jil Jadid croit dur comme fer que "seuls le dialogue et la concertation pourront régler la crise politique que vit notre pays". Le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, a estimé, lundi soir à Tichy (Béjaïa), qu'il ne pourra pas y avoir de sortie de crise en Algérie avant de réinstaurer la confiance entre le peuple et ses dirigeants. Animant un café littéraire, ayant pour thème "Quelle issue pour la révolution populaire en marche ?", organisé par l'association culturelle Asaki (Eveil) de Tichy, à la maison de jeunes Achour-Idir de Baccaro, le conférencier a tenu à rappeler que le conseil national de son parti a déjà pris la décision, le 14 septembre dernier, de ne pas participer à l'élection présidentielle fixée au 12 décembre prochain. "En l'absence de conditions favorables à la tenue d'une élection libre et transparente, nous avons décidé de rejeter l'agenda électoral imposé par le pouvoir. Il n'y a pas de garanties quant à l'issue favorable du processus électoral engagé dans la précipitation. De ce fait, s'il y a vraiment élection, le futur président sera illégitime", a-t-il soutenu. Avant d'appeler à "l'annulation pure et simple de la présidentielle annoncée par le chef de l'Etat par intérim". Evoquant la nature du pouvoir algérien, l'hôte de la ville de Tichy affirmera que "l'Etat algérien s'est fondé autour d'un régime militaire instauré depuis l'indépendance. Cela est un fait incontestable". Néanmoins, il se dit persuadé que "l'armée peut contribuer au processus de construction d'un véritable Etat démocratique, comme ce fut le cas du Portugal". Après avoir rappelé les actions menées sur le terrain, avant l'avènement du hirak, par des forces politiques hostiles au pouvoir en place, notamment par le mouvement Mouwatana, Soufiane Djilali soutiendra qu'"à l'époque, d'aucuns tentaient de nous dissuader, affirmant que ce peuple est amorphe. Mais, finalement, le soulèvement populaire du 22 février aura tout chamboulé". Bien qu'il ne soit pas d'accord avec l'initiative de l'Instance de dialogue et de médiation menée par Karim Younès, le leader de Jil Jadid croit dur comme fer que "seuls le dialogue et la concertation pourront régler la crise politique que vit notre pays". Pour lui, sans la volonté d'aller vers un dialogue serein, inclusif et responsable, aucune élection ou autre initiative politique ne pourra aboutir au dénouement de cette crise politique et institutionnelle. "Les tenants du pouvoir ne lâcheront pas facilement les commandes. Autant négocier avec eux. Autrement dit, il faudra accompagner le régime à s'en aller", a-t-il dit. L'orateur se montre optimiste quant à l'aboutissement du combat pacifique que mènent les Algériens depuis sept mois, "quand bien même cela devrait prendre encore plus de temps". Son optimisme est dicté essentiellement par le fait que "le peuple algérien fait preuve d'un éveil de conscience et du devoir d'agir". "Le peuple est le seul garant des résultats de toute élection. Du coup, il vaincra un jour", a-t-il souligné. Par ailleurs, M. Djilali n'a pas hésité à égratigner certains partis de l'opposition, en déclarant que les partisans de la transition démocratique n'ont même pas pris la peine d'expliquer les voies et moyens à mettre en œuvre pour la concrétisation d'une telle initiative politique. "La plupart des partis qui plaident pour un ‘processus constituant' n'arrivent même pas à transcender leurs crises internes", a-t-il asséné à l'adresse des formations politiques se réclamant des Forces de l'alternative démocratique. KAMAL OUHNIA