L'audition dans le fond des détenus pour port de l'emblème amazigh se poursuit. Hier, deux d'entre eux ont comparu devant le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Il s'agit de Messaoud Leftissi et de Billal Bacha, arrêtés pour avoir brandi l'emblème amazigh dans une manifestation. Billal Bacha, étudiant en journalisme, avait été arrêté en juin alors qu'il avait un ordre de mission car "il devait prendre des photos et des vidéos des marches, vu qu'il travaillait sur le mouvement populaire en Algérie comme thème de thèse de fin d'études", a dit sa mère, présente, hier, au sit-in de solidarité organisé devant le tribunal. "Mon fils n'a pas été arrêté pour vol ou escroquerie", a-t-elle déclaré. Et d'ajouter que son fils "est un militant qui se bat pour la liberté et la démocratie et qu'elle est fière de lui". Selon Me Fetta Sadat, membre du collectif des avocats qui assure la défense des détenus, il est attendu que "le juge d'instruction prenne ses dispositions". Elle a expliqué que le juge d'instruction peut, selon la loi, "rendre une ordonnance de non-lieu s'il considère que les faits imputés aux prévenus ne sont pas établis". Comme il peut, explique encore l'avocate, "rendre une ordonnance de renvoi au tribunal correctionnel", s'il considère, à juste titre, que "les faits reprochés aux prévenus sont établis". Dans ce cas de figure, les détenus seront jugés au cours d'un procès. Me Sadat a souligné, par ailleurs, que le collectif d'avocats ainsi que leurs familles s'attendent à une libération des détenus, vu la difficulté d'établir réellement l'accusation portée contre ces manifestants, à savoir l'atteinte à l'unité nationale pour avoir brandi le drapeau amazigh. À noter que lors du sit-in organisé devant le tribunal, les manifestants présents ont scandé des slogans hostiles "à la justice du téléphone". Tout en appelant à la libération des détenus d'opinion, ils ont exigé "le départ des résidus du système Bouteflika". Après plus de deux heures de sit-in et juste après la sortie des avocats, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Les détenus ont été reconduits à la prison d'El-Harrach.