C'est peut être l'une des dernières cartes que vient de perdre le régime pour crédibiliser une présidentielle mal partie car décriée par la rue et l'opposition. L'ancien chef de gouvernement sous le président Chadli Bendjedid, Mouloud Hamrouche, a repoussé les appels le pressant à s'engager dans les joutes du 12 décembre prochain. "Je remercie celles et ceux anonymes qui souhaitent me voir impliqué dans les joutes électorales et leur rappeler que ma position sur cette question est claire et inchangée, mais mon engagement demeure total et mon espoir, comme eux, intact", a-t-il tranché dans une déclaration rendue publique hier. Vieux routier de la politique, celui qui aimait se qualifier d'"enfant du système" refuse d'accompagner les nouvelles autorités dans leur entreprise politique qu'est la présidentielle, au motif qu'elles n'ont pas pris des "engagements" forts et clairs à la hauteur des "exigences du moment". "J'ai eu à prendre une position et formuler mes points de vue sur la situation que vit notre pays, sur l'espoir que nourrissent nos concitoyens, ainsi que sur des échéances projetées. J'ai toujours réfuté la confusion et rejeté la mystification. Je continue à croire que la nature des exigences du moment ne peut être exaucée par des promesses. Elle requiert des engagements des plus clairs, des plus forts, des plus larges et des plus inclusifs", a asséné M. Hamrouche. Cette sortie de l'ancien chef de gouvernement intervient au lendemain de l'annonce, mardi 1er octobre, de ses "partisans", via une page Facebook portant son nom, de leur intention de se rendre samedi 5 octobre à son domicile sis à El-Biar (Alger) pour l'inviter à se porter candidat au prochain scrutin. "Nous croyons en les idées et en le programme de M. Mouloud Hamrouche pour l'édification d'un Etat moderne qui concrétisera le serment des chouhada et nous voyons en lui l'homme le plus indiqué pour assumer la fonction de président de la République et faire de notre pays un havre de paix", ont écrit les auteurs de l'initiative. Et d'ajouter : "Nous appelons tous ceux qui partagent notre vision à se constituer en comité de soutien national regroupant toutes les sensibilités pour interpeller d'une seule voix M. Mouloud Hamrouche pour qu'il se porte candidat à la prochaine élection présidentielle et le soutenir de toutes nos forces." Raté et c'était prévisible. Les tribunes publiées par M. Hamrouche depuis le début du hirak ne préfiguraient pas la moindre disponibilité de sa part à être une roue de secours pour le système qu'il est allé jusqu'à qualifier, dans un long texte publié le 4 septembre dernier, de "liberticide" et d'"antinational" qui a "anéanti l'embryon de l'Etat" et qui "finira par briser la cohésion de l'ANP". Fin juillet dernier déjà, dans un communiqué, Mouloud Hamrouche avait refusé l'invitation qui lui avait été adressée pour intégrer l'Instance de dialogue et de médiation, présidée par Karim Younès, et surtout affiché son désintérêt à prendre part à une quelconque élection, en rappelant sa déclaration du 18 avril dernier dans laquelle il avait affirmé : "Je ne serai pas candidat à d'éventuelles instances de transition ou élection."