Ce vendredi encore, le Cours de la Révolution et les rues du centre-ville d'Annaba ont retenti des clameurs des manifestants qui s'opposent à la perspective d'une élection présidentielle sans préalable et à la date du 12 décembre. "Makanch l'vote mâa ouled França" (Il n'y aura pas de vote avec les fils de la France), "Dirou l'intikhabat fil Îmarat" (L'élection, vous la ferez aux Emirats). Ce sont là quelques-uns des slogans scandés par des milliers de manifestants. Venus par centaines des quatre coins de la ville et des villes voisines, notamment d'El-Hadjar, de Sidi Amar et d'El-Bouni, juste après la prière du vendredi, les marcheurs ont scandé à haute et intelligible voix : "La nourid hokm l'âasker min jadid" (Nous ne voulons plus que le pays soit dirigé par des militaires). Une manière de faire comprendre, à qui veut les entendre, qu'ils continueront à exiger le départ de tous ceux qui ont participé à la dilapidation des richesses du pays sous le règne de Bouteflika et à revendiquer l'instauration d'un Etat civil et réellement démocratique. Le message des hommes et des femmes qui ont défilé autour de la place centrale de la ville, drapés dans l'emblème national, n'a pas été différent de celui qu'ils n'ont cessé d'adresser aux tenants du pouvoir actuel depuis le début du hirak. Faisant écho aux slogans distillés par les meneurs de la manifestation au moyen de puissants mégaphones, les Annabis se sont illustrés par un comportement exemplaire, en respectant à la lettre les mots d'ordre de discipline et en préservant le caractère pacifique de cette 33e marche du vendredi. On notera que pour la énième fois les manifestants s'en sont pris aux médias et en particulier aux chaînes de télévision publiques et privées, auxquelles on reproche de s'être rangées aux côtés de la îssaba et de ne pas couvrir objectivement le hirak.