Le 31e mardi de la contestation a été, à l'image des précédentes semaines, engagé, malgré une affluence qui peine à retrouver ses premières dimensions. Hier, on a senti une certaine fébrilité parmi les marcheurs qui ont répondu à quelques tentatives de déstabilisation et de provocation. "Cachiristes", "Chiyatine", "Lahassine rangers" ont fusé en guise de réponse de la foule à quelques énergumènes qui n'ont pas trouvé mieux que de provoquer par la parole ou en voulant forcer la marche, tels ces chauffeurs de bus qui commencent à inquiéter sérieusement les manifestants. Un voleur à la tire a même été signalé à la rue d'Arzew alors que deux semaines plus tôt, un autre voleur avait réussi à arracher le téléphone portable des mains d'une manifestante avant d'être rattrapé par la foule. Les mots d'ordre n'ont pas failli à la règle générale puisque les Oranais ont rejeté l'élection présidentielle en scandant des slogans repris avec ferveur tels "Makanche intikhabate maâ el-îssabate" (Pas d'élections avec la bande), "Oulach l'vote oulach", "Dirou intikhabate fi El-Imarat ya el-îssabate" (Organisez les élections aux Emirats). "La primauté du civil sur le militaire" a également été au menu du répertoire d'hier. "Had chaâb la yourid hokm el-aâskar min jadid" (Ce peuple ne veut plus d'un pouvoir militaire), "Y en a marre des généraux", "Les généraux à la poubelle, Djazaïr tadi istiqlal" (L''Algérie aura son indépendance), "Salimou solta li chaâb" (Rendez le pouvoir au peuple), "Dawla madania machi aâskaria" (Etat civil et non militaire), ont scandé les manifestants qui n'ont pas oublié de jeter aux gémonies tous les symboles du régime bouteflikien, hauts responsables, institutions (gouvernement, parlement) ou partis politiques à leurs têtes le FLN et le RND. Le P/APC d'Oran, Boukhatem, n'a pas été oublié cette fois, puisque la foule a demandé à ce qu'il dégage. Une foule qui a aussi chanté la libération d'Alger, la capitale "Libérez el-aâssima" et insulté, comme chaque mardi, la presse "Sahafa chiyata yaâbdou fi dababa" (Presse flagorneuse, esclave des chars). En attendant la rentrée universitaire, prévue pour début octobre, et surtout le retour des étudiants internes, l'intérim a été assuré tant bien que mal. Saïd OUSSAD