Les habitants de la commune de Haïzer (Est de Bouira) ont, encore une fois, organisé, hier, un rassemblement, suivi d'une marche pour exiger la libération des 140 jeunes, dont 5 sont originaires de cette commune, accusés d'avoir "porté atteinte à l'unité nationale" pour avoir brandi l'emblème amazigh et réitéré leur refus de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Cette nouvelle action de protestation a été décidée avant-hier soir, après une assemblée générale durant laquelle plusieurs autres actions ont été étudiées et explicitées à l'opinion publique locale. Ainsi, c'est vers 9h30 que plusieurs centaines de manifestants se sont regroupés sur la place publique de Haïzer, où une opération "ville morte" a été décrétée. Les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles il est écrit "Libérez la justice", "Libérez zawali" (pauvre, ndlr), ou encore "L'identité n'est pas un crime". "Cette nouvelle action, la 8e depuis l'incarcération de nos jeunes, est un signe de notre détermination à faire libérer tous les détenus d'opinion", affirmera Kaci Bougara, l'un des initiateurs de la marche. D'autres participants, à l'instar de Meziane Chaâbane, élu RCD à l'APW de Bouira, ont clairement mis en évidence le caractère "injuste" et "arbitraire" de ces incarcérations. "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion (…) Mettre en prison des jeunes pour avoir porté un drapeau identitaire et culturel, nous considérons cela comme une atteinte à nos libertés les plus fondamentales", a-t-il noté. Tout au long de leur procession qui les a menés vers le siège de la daïra, les protestataires ont copieusement critiqué l'institution judiciaire laquelle, selon les manifestants, a été instrumentalisée à des fins politiques. Meziane Chaâbane s'est également insurgé contre "l'exception" du tribunal de Sidi M'hamed qui, selon ses dires, s'est transformé en "bourreau du peuple". "Je tiens à dire à ce pouvoir mafieux et ses juges complices : vous avez Sidi M'hamed, nous avons l'Histoire." Selon Aïssous Sofiane, coordinateur du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) de Haïzer, "la justice n'est pas encore libre. L'incarcération de nos jeunes en est la preuve évidente". Pour d'autres, la détention "arbitraire" des manifestants lors des marches des vendredis et la répression brutale de la marche des étudiants signifient que le pouvoir actuel voudrait diviser le pays. Une fois arrivés devant le siège de la daïra, où un discret dispositif des services de sécurité les attendait, les marcheurs ont improvisé une brève prise de parole durant laquelle le père de Massinissa Aïssous, arrêté le 26 septembre dernier à Alger, a déclaré : "Mon fils n'a absolument rien fait ! Il a porté le drapeau amazigh qui est un symbole de notre identité et de notre culture. Je le dis haut et fort, mon fils et tous les autres détenus sont victimes d'une injustice flagrante." Par ailleurs, la ville de Haïzer était entièrement paralysée par une grève générale en signe de solidarité avec les détenus. Tous les commerces — hormis les pharmacies et les boulangeries — avaient baissé rideau. RAMDANE BOURAHLA